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Intervention de Olivier Jardé

Réunion du 29 janvier 2008 à 21h30
Personnels enseignants de médecine générale — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaOlivier Jardé :

Madame la présidente, madame la ministre, mes chers collègues, la médecine générale est le pivot du système de santé français. Elle ne concerne pas une affection ou un organe en particulier, mais un malade. Elle suppose une relation avec le patient qui s'inscrit dans la durée : souvent, à la différence du praticien spécialiste, on garde son généraliste pendant longtemps, et parfois on le tutoie. Notre pays compte beaucoup de médecins généralistes – 101 000, soit plus de 50 % des médecins –, et il forme tous les ans 2 000 étudiants en médecine générale. Enfin, la loi de 2004, qui a institué le parcours de soins, a confirmé que la médecine générale devait, comme vient de le rappeler le docteur Door, rester le pivot de notre système de santé.

Ainsi présentées, les choses paraissent idylliques. La médecine générale connaît pourtant une crise touchant à sa reconnaissance et à son attractivité. L'an dernier, sur 2 300 postes ouverts, un peu plus de 1 600 ont été pourvus – soit environ 30 % –, et, parmi eux, 30 % ne se consacreront pas à la médecine générale. Or le nombre de médecins généralistes qui seraient nécessaires ne fait que croître. L'espérance de vie augmente, au rythme d'un trimestre par an pour les femmes, disait-on encore récemment. Mais l'an dernier, mesdames, votre espérance de vie est passée de 83 à 84 ans : vous avez donc gagné un an en une seule année ! Quant aux hommes, qu'ils se rassurent : ils sont restés à 77 ans, leur espérance de vie n'a donc pas reculé.

Les médecins généralistes sont d'autant plus nécessaires qu'il existe dans notre pays des déserts médicaux. Ainsi, dans mon département de la Somme, quatre cantons n'ont pas de médecin généraliste. Certes, la moyenne globale n'est pas catastrophique, et le nombre d'étudiants en médecine a augmenté depuis 2004. Mais des inégalités demeurent puisque, dans les zones fortement urbanisées et dans le Sud, on trouve approximativement un médecin pour 300 habitants, contre, par exemple, un pour 3 000 en Picardie. Il y a donc un problème.

Nous avons déjà discuté, il y a quelques mois, de l'idée de régler le problème de l'installation des médecins de façon autoritaire. Pour ma part, comme vous le savez, j'y suis défavorable. Je préfèrerais un système d'incitations fortes, passant par l'attribution de bourses, les maisons médicales, qui sont un atout important, ou encore les ajustements d'honoraires.

La médecine générale souffre également du problème de la permanence de soins : c'est ainsi que certains malades arrivent dans les services d'urgences alors qu'ils ne devraient pas s'y trouver, tandis que de vraies urgences ne peuvent pas être traitées du fait de l'encombrement de ces services.

Compte tenu de tous ces éléments, la médecine générale manque d'attractivité. Je suis d'accord avec vous, madame la ministre, sur la nécessité de créer des postes de chefs de clinique. Vous l'avez fait, et c'est une bonne chose. Jusqu'à présent, notre pays comptait 120 professeurs associés pour 6 000 étudiants : c'est peu. Il convenait donc de favoriser la formation des étudiants de médecine générale, et je me réjouis que l'article 60 de la loi du 17 janvier 2002 ait fait de la médecine générale une spécialité.

Vous avez rappelé que les ordonnances de 1958 avaient défini le poste de professeur des universités – praticien hospitalier en lui désignant une triple mission de recherche, de formation et d'exercice des soins. En matière de formation et de recherche, il n'y a pas de problème mais, comme l'a rappelé Jean-Pierre Door, s'agissant de la médecine ambulatoire, la compensation sera-t-elle suffisante pour attirer des postulants ? Le décret que vous avez annoncé, madame la ministre, apportera les précisions nécessaires sur le recrutement, le statut et les fonctions de ces professeurs des universités. C'est une excellente chose.

J'en viens au problème de la première année de médecine, au cours de laquelle 80 % d'étudiants de bonne qualité sortent sans aucune qualification. C'est pourquoi j'avais proposé, avec notre collègue Fagniez, de faire en quelque sorte deux années en une seule, c'est-à-dire d'organiser un premier concours en mars et une session de rattrapage au cours de l'été. Cela permettrait de désengorger les amphithéâtres des facultés de médecine. Par ailleurs, le cursus LMD devra tôt ou tard s'appliquer dans le domaine de la santé.

Enfin – c'est un élu de la Somme qui vous parle – il faut, s'agissant du stage chez un généraliste, instaurer un passage obligatoire en milieu rural. En effet, on ne peut s'installer à la campagne si on ne la connaît pas : c'est pourtant le cas de la majorité des étudiants.

C'est sans hésitation qu'au nom du groupe Nouveau Centre, je voterai ce texte. (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)

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