Cet article traite de la taxation des industries pharmaceutiques. A priori, nous devrions être satisfaits et le voter. Mais qu'en est-il en réalité ?
Alors que vous demandez à chacun, y compris aux plus modestes, de faire un effort, en expliquant sur le mode de l'évidence que tout le monde peut bien dépenser un euro – et maintenant davantage – de plus pour sa santé, vous êtes particulièrement aimables et précautionneux avec les laboratoires pharmaceutiques qui, pourtant, n'ont aucun problème financier. Au contraire, ils réalisent des bénéfices colossaux. Ainsi, Novartis empoche 7,2 milliards de dollars de bénéfices en 2006. Sanofi-Aventis a gagné cette année 7 milliards d'euros, dont une part de 2,5 milliards a été redistribuée aux heureux actionnaires. Avec les 4,5 milliards restants, l'entreprise a-t-elle augmenté les salaires, diminué le prix des médicaments ou investi davantage dans la recherche ? Non ! Elle a trouvé une autre solution, à laquelle, je l'avoue, nous n'avions pas pensé : elle a racheté pour 3 milliards d'euros ses propres actions afin d'en faire monter le cours ! Trois milliards, c'est à peu près ce que Sanofi-Aventis consacre à son secteur recherche-développement.
On ne s'étonnera donc pas que les industriels du médicament négligent les maladies qui rapportent peu : les maladies orphelines, parce qu'elles touchent peu de personnes ; les maladies infectieuses ou parasitaires, qui font, elles, de très nombreuses victimes, mais dans les pays pauvres du Sud.