Je suis frappé par la fragilité de l'argumentation de nos collègues de l'opposition.
Passons, madame Mazetier, sur la différence que vous faites entre l'État et l'éducation nationale : cette différence n'a pas de sens, car il est bien évident que, lorsque l'on parle de l'État dans ce texte, il s'agit de l'éducation nationale. Vous avez indiqué que ce projet de loi, en particulier son article 4, mettrait en difficulté les élus locaux qui soutiendraient par ailleurs – et légitimement – les écoles luttant pour le maintien de leurs moyens.
De tout temps et quel que soit le Gouvernement, ces élus, qui sont au contact des écoles, apportent naturellement le concours de leur collectivité à la recherche de solutions avec les autorités académiques. Mais l'argument selon lequel ce combat militant – légitime, je le répète – les mettrait en difficulté au moment où ils doivent appliquer la loi me paraît quelque peu spécieux.
Prenons en effet la situation du chef d'établissement dans le second degré – puisqu'il n'y en a malheureusement pas encore dans le premier degré. Pour avoir été proviseur pendant vingt années – durant lesquelles je n'ai jamais fait grève, quel que soit le Gouvernement, par choix éthique –, je puis vous dire que la loi oblige le chef d'établissement du second degré en grève à assurer l'ouverture et à assumer la responsabilité de l'établissement dont il a la charge. Or, si l'on appliquait votre raisonnement aux proviseurs, il faudrait envisager qu'un chef d'établissement, qui a l'obligation professionnelle d'être présent et d'assurer la sécurité des élèves, agirait différemment selon qu'il est d'accord ou non avec le motif de la grève.
Faites donc confiance aux élus locaux ! S'ils partagent, comme ils l'ont toujours fait, le combat de ceux qui veulent une école la meilleure possible, ils savent faire la différence entre ce combat et leurs responsabilités d'élus représentant leurs concitoyens et, pour un certain nombre de missions prévues par la loi, d'agents de l'État.
En tout état de cause, je ne me laisserai pas entraîner, non plus que le groupe UMP, à voter cet amendement de suppression, qui n'a guère de sens.