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Intervention de Marisol Touraine

Réunion du 16 juillet 2009 à 15h00
Formation professionnelle tout au long de la vie — Après l'article 13 octies, amendement 12

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarisol Touraine :

Nous ne pouvons évidemment que saluer la volonté du rapporteur de mettre en place des dispositifs permettant de lutter contre le « décrochage » scolaire, lequel est une vraie préoccupation et une réalité dont je ne sais pas si elle est grandissante mais qui est en tout cas très importante. Vous parlez de 120 000 jeunes. Certaines estimations vont au-delà : ce seraient, au total, 150 000 jeunes qui sortent chaque année du système scolaire sans formation.

Une moitié d'entre eux décrochent vraiment, les autres pourraient être récupérés à condition que l'on intervienne relativement vite. Ils ne sont donc pas tous éloignés radicalement du système de formation.

Mais, si nous vous rejoignons sur le constat et sur la nécessité d'agir, l'amendement nous paraît terriblement administratif : il s'agit, en gros, de faire des registres, de communiquer des adresses et des numéros de téléphone, sans se préoccuper vraiment de savoir ce qui sera mis en place.

Puisque vous avez finalement décidé d'inclure dans ce texte des mesures en faveur des jeunes, vous auriez pu être plus ambitieux à l'égard des « décrocheurs ». Je ne dis pas que ce qui nous est proposé soit nocif : je dis que ce n'est absolument pas à la hauteur de l'enjeu.

Nous avons eu l'occasion de discuter ici du nécessaire renforcement des écoles de la deuxième chance ou de dispositifs de ce type. Chacun sait qu'on ne réintègre pas les « décrocheurs » en se contentant de leur proposer de revenir dans un cursus classique, comme si leur décrochage était un phénomène totalement inopiné ou conjoncturel. Il faut donc faire d'autres propositions.

Nous en avons fait il y a plusieurs semaines, avant que le Président de la République ne parle de mesures pour les jeunes.

Une partie de ces jeunes sont tout près de raccrocher, mais ils ont sans doute besoin d'une pédagogie et de structures différentes, du type de celles des écoles de la deuxième chance – même si l'on a un peu trop tendance à en faire la solution à tout alors qu'elles sont très ciblées sur certains publics.

Quant à ceux qui sont plus éloignés, il est probable que l'argument financier est devenu progressivement un élément important. Lorsque un jeune est resté pendant un certain temps hors de tout cursus scolaire ou cursus de formation, on sait très bien qu'il aura du mal à se réadapter, ne serait-ce qu'aux contraintes que cela suppose, sans parler du risque de perte financière si tant est qu'il ait pu s'intégrer dans un dispositif lui permettant de vivre un peu mieux.

Nous avions mis en avant l'idée d'un contrat aidé spécifique avec formation obligatoire, ainsi que celle d'une allocation destinée aux jeunes ayant décroché et leur permettant de se raccrocher à une formation, la reprise d'un cursus scolaire paraissant plus difficile.

D'autres pistes peuvent évidemment être proposées, mais se contenter d'un dispositif administratif nous paraît très en deçà des besoins et des difficultés des jeunes.

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