Vous connaissez très bien les statistiques, monsieur Muet. Elles traduisent une réalité : l'augmentation de la consommation et du pouvoir d'achat a été plutôt plus forte en France, ces dernières années, qu'en Allemagne, au Royaume-Uni ou aux États-Unis. Le fait que vous partagiez de temps à autre mes propos me ferait plaisir, mais il n'y a rien à faire : vous n'écoutez pas, et c'est donc en vain que j'ai essayé de vous expliquer que les mécanismes par lesquels les revenus sont indexés sur le taux d'inflation nous protègent des pertes de pouvoir d'achat, ainsi que des soubresauts dus à l'augmentation des produits alimentaires ou des produits pétroliers. Il n'en va pas ainsi dans la plupart des autres pays, dont l'Allemagne.
Contrairement à l'idée couramment admise, le partage entre la rémunération du capital, c'est-à-dire les dividendes, et la rémunération des salariés, s'est stabilisé depuis de longues années, ce qui profite davantage aux salaires, et c'est tant mieux.
Si notre déficit commercial s'est creusé, c'est d'ailleurs parce que nous avons probablement plus de revenus que nos partenaires, et aussi parce que nous n'avons pas su rétablir nos finances publiques. C'est bien là le problème : le poids excessif de la dépense publique.
Notre « deuxième jambe » devrait être, si j'ai bien compris ce fameux article de Didier Migaud et Pierre-Alain Muet, matrice de toute pensée économique, l'augmentation des salaires. Mais quelle est la « deuxième jambe » des autres pays ? Pour Mme Merkel, c'est l'indexation des retraites, que les gouvernements précédents avaient remise en cause depuis bien longtemps. Pour M. Obama, c'est peut-être le projet de couverture maladie universelle.