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Intervention de Didier Migaud

Réunion du 29 janvier 2009 à 15h00
Projet de loi de finances rectificative pour 2009 — Discussion de textes de commissions mixtes paritaires

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDidier Migaud, président de la commission des finances, de l'économie générale et du Plan :

..et je continue de penser que c'est un défaut par rapport à la réalité à laquelle nous sommes confrontés.

S'il y a décalage entre vos prévisions et celles des conjoncturistes, je note aussi des divergences entre l'analyse que vous faites de la crise et celle que font tous les économistes, ce qui entraîne nécessairement des divergences entre les mesures qui sont proposées et prises.

Par exemple, le Fonds monétaire international considère qu'elle a pour composante principale un effondrement de la demande. C'est également ce que pense la Commission européenne, qui préconise une injonction massive de pouvoir d'achat pour soutenir la demande et restaurer la confiance.

C'est encore ce que soutient le directeur général de l'INSEE dans un récent entretien qu'il a accordé au journal Le Monde : il faut soutenir la demande.

Vous nous expliquez qu'il ne s'agit pas d'un problème touchant à la demande mais seulement d'un retard d'investissements à rattraper ou, tout simplement, qu'il est question d'avancer certains investissements. Il y a donc divergence entre nous sur les mesures prises. Je suis de ceux qui considèrent que le plan français n'est ni global ni massif, qu'il ne correspond pas aux caractéristiques souhaitées par le Fonds monétaire international ou par la Commission européenne. Il est par ailleurs déséquilibré, sans effet immédiat sur la demande, au contraire de ce qui se passe partout ailleurs – en Allemagne, aux États-Unis, au Royaume Uni, notamment – où l'on insiste sur la nécessité de relancer la demande. Or vous faites l'impasse sur la demande, sur le pouvoir d'achat. Je pense que vous serez contraints de nous présenter, d'ici à quelques semaines ou quelques mois, un second plan de relance qui prendra davantage en considération ces éléments.

Je sais bien, messieurs les ministres, que ce débat n'épuisera pas la question, que nous aurons d'autres occasions d'en parler. Vous avez souhaité que, face à la gravité de la crise, nous nous retrouvions. Nous le pourrions d'autant plus facilement si votre plan était à la fois global, massif, équilibré et d'effet immédiat. Or ce que vous proposez se réduit à des avances de trésorerie, à l'anticipation de certaines dépenses qui, en toute hypothèse, devraient être réalisées. Ce plan n'est donc pas à la hauteur d'une crise d'une extrême gravité, qui nécessite l'utilisation de tous les leviers dont nous pouvons disposer. C'est en tout cas le voeu que je forme et je suis persuadé que nous nous retrouverons, messieurs les ministres, pour commenter des propositions que vous ne tarderez pas à nous faire compte tenu de la conjoncture. (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC et GDR.)

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