Monsieur le ministre, lors de notre discussion sur l'article 1er, j'ai eu le sentiment que votre politique se réduisait à une succession d'expédients. Cependant l'article 2 me fait dire qu'il y a une cohérence entre ce que vous entreprenez ici et ce que vous avez fait depuis que vous êtes au pouvoir.
Si l'on demande aux Français comment augmenter le pouvoir d'achat, ils répondront très simplement qu'il suffit d'augmenter les salaires, de laisser se développer la négociation et de donner un coup de pouce au SMIC. C'est ce qu'ont fait tous les gouvernements, de gauche ou de droite ; cela correspond à la logique et à l'efficacité économique.
Vous n'avez pas choisi cette piste et vous n'avez pas hésité, en juillet 2007, à engager des dépenses pour les plus fortunés de nos concitoyens. Vous avez procédé à des allégements fiscaux et appliqué ce que les idéologues conservateurs des années Reagan et Thatcher appellent la politique du ruissellement, laquelle consiste à déverser de l'argent sur les plus riches, dans l'idée que cela finira bien par déborder sur l'ensemble de nos concitoyens. Puis, quand il s'est agi de donner du pouvoir d'achat à tout le monde, vous avez déclaré que l'État n'avait plus les moyens et qu'il fallait se serrer la ceinture.
Vous proposez ici aux salariés la même politique que celle que vous conduisez en matière de financement public, à savoir le sacrifice du long terme au court terme. Vous n'avez pas les moyens, c'est simple : vous avez froid, brûlez vos meubles ! Vous avez besoin de pouvoir d'achat, utilisez votre épargne !
Voilà votre politique ! Depuis 2002, non seulement la France frôle le déficit excessif, mais la politique de la droite consiste à endetter l'État pour financer non pas les investissements mais les dépenses courantes. Et vous dites aux salariés privés d'augmentation de salaire de faire comme vous, c'est-à-dire de liquider leur épargne à moyen et long terme pour faire face aux dépenses courantes.
Nous allons ainsi droit dans le mur. Vous choisissez la plus mauvaise des politiques non seulement pour résoudre le problème du pouvoir d'achat mais aussi pour restaurer la confiance de nos concitoyens ! (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)