Vous avez bien fait de prendre la parole, monsieur le ministre, car avouez qu'on peut être étonné par la nouvelle tombée ce matin.
Depuis des semaines, le ministre du travail nous tient tout un discours sur les retraites. Ce PLFSS contient des articles sur les préretraites : il faut les traquer, empêcher les salariés de partir dans ces conditions. Notons que ce sont souvent les entreprises qui décident si elles veulent ou non d'un plan de préretraite. Qu'ensuite, des salariés usés par le travail acceptent les préretraites avec soulagement, c'est indéniable. Il vaut mieux se retrouver en préretraite qu'au chômage à cinquante-cinq ans, car il est impossible de retrouver un emploi à cet âge.
C'est vrai, les préretraites servent de régulateur social. Comme dans les régimes spéciaux, le fait que les cheminots puissent partir plus tôt a permis à la SNCF de réduire ses effectifs sans mettre des salariés au chômage ou en préretraite officielle. Ils avaient le droit de partir plus tôt, ce qui a bien arrangé les comptes de la SNCF et les comptes publics de manière générale.
Vous tenez ce discours sur les seniors qui doivent travailler plus et pouvoir retrouver du travail – alors que ce n'est pas la réalité. Ensuite, vous accordez une retraite précoce à certaines catégories qui ne sont pourtant pas celles dont l'espérance de vie est la plus faible. Certes, on peut débattre sur la pertinence du paramètre de l'espérance de vie. En vous fondant sur ce seul critère, vous devriez proposer que les femmes travaillent plus longtemps. Ce serait particulièrement absurde, ce qui prouve les limites de ce paramètre.