Si l'on n'accepte pas de se regarder avec lucidité, il n'y aura jamais de véritables solutions à nos problèmes.
Cette réforme de l'État repose sur une réelle envie de justice. Nous devons regarder l'ensemble des mesures contenues dans la révision générale des politiques publiques, mais, plus globalement, l'ensemble du phénomène des réformes – d'une densité exceptionnelle – engagées par le Président de la République par le prisme d'une idée simple : la réforme est acceptable si elle est juste. Si elle est injuste, elle n'est pas acceptée, et l'on a bien raison de penser qu'elle ne doit pas l'être dans ces conditions.
Selon moi – mais vous pouvez contester cette approche – la justice n'est pas un concept global, car on peut discerner trois niveaux.
La justice entre les territoires, d'abord : les territoires ruraux – auxquels les Français sont attachés – et ceux qui le sont moins, c'est-à-dire les périphéries et les banlieues. En tout état de cause, les mesures ne doivent pas avantager un territoire par rapport à un autre. La spécificité des territoires doit être prise en compte ; c'est le cas dans la RGPP lorsqu'on réfléchit aux réseaux des grandes administrations afin de prendre en compte la logique d'aménagement du territoire que l'on essaie depuis longtemps de mettre en oeuvre.
La justice entre les générations, ensuite : il faut veiller à ne pas privilégier une génération au détriment d'une autre et faire peser une réforme sur l'une et pas sur l'autre.
Le Premier ministre a rappelé que l'on n'avait pas voté un budget en équilibre depuis 1974. Ce constat est effrayant et signifie que l'on fait peser sur les générations futures des charges d'aujourd'hui. Quand il s'agit de l'investissement, on peut le comprendre, mais, en l'occurrence, il s'agit de charges de fonctionnement. On ne peut pas agir ainsi, et la justice entre les générations est indispensable.
Enfin, la justice entre les catégories sociales.