L'une des causes de la dégradation du pouvoir d'achat se situe du côté des prix. Certes, le problème numéro un est bien celui des salaires, même si le Gouvernement a trop souvent tendance à l'oublier. Mais, alors même qu'on annonce une inflation limitée, nombreux sont les ménages à se plaindre de la hausse des prix.
Loin des explications psychologiques douteuses assimilant les Français à d'éternels insatisfaits, une analyse fondée sur le mode de calcul des statistiques officielles – sans parler des effets de la mise en place de l'euro – s'avère plus pertinente pour comprendre ce décalage entre la perception de la population et les chiffres donnés par l'INSEE.
La façon dont l'institut calcule l'indice des prix à la consommation comporte des limites, car une moyenne ne peut pas rendre compte de la diversité des ménages. Ainsi, depuis dix ans, l'inflation affecte plus fortement les locataires que les propriétaires. De même, elle pèse davantage sur les ménages se chauffant au gaz que sur les autres – en d'autres temps, c'était plutôt l'électricité.
La simple référence aux données de l'INSEE relatives à l'inflation n'est donc pas suffisante pour rendre compte de l'évolution réelle du pouvoir d'achat. Aujourd'hui, si certains biens de consommation voient leur prix diminuer – je pense notamment à certains produits de haute technologie, tels que les ordinateurs portables –, la flambée des prix de l'alimentation de base, tels que lait, farine ou viande, est une réalité qui pèse fortement sur les ménages les plus modestes. L'augmentation des prix agricoles, qui a déjà fait grimper le prix du pain en septembre, devrait également tirer à la hausse celui des produits laitiers et de certaines viandes.
En outre, pour reprendre l'analyse de la CLCV, « Les dépenses contraintes ont explosé depuis trois ou quatre ans, qu'il s'agisse du fioul domestique, du logement, des produits alimentaires ou encore des frais de santé non remboursés. Notre principal problème de pouvoir d'achat est là. Le super sans plomb a augmenté de 15 % depuis un an. Dans le monde rural, il est fréquent de devoir faire 30 à 40 kilomètres en voiture pour se rendre à son travail. Le budget transport des familles s'envole. Et trois pleins, c'est presque 200 euros .»
Enfin, la flambée des prix de l'énergie alourdit les factures de chauffage et le coût des déplacements entre domicile et travail.
Par ailleurs, selon Familles rurales, la consommation de fruits et de légumes au niveau recommandé par l'Organisation mondiale de la santé représente un budget mensuel de 57 euros pour un couple et de 115 euros pour une famille avec deux enfants de plus de dix ans, soit entre 5 % et 12 % du SMIC.
Au vu de ces différentes données, nous proposons que la commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale réalise, avant le 31 octobre 2008, un rapport sur l'évolution du coût des produits de première nécessité depuis 2002.