Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'État, mes chers collègues, longtemps sujet tabou, l'officialisation en 1999 de la guerre d'Algérie et des combats de Tunisie et du Maroc a rendu la parole à toutes celles et tous ceux qui souffraient d'un silence trop pesant. Ce mouvement s'est poursuivi le 25 septembre 2001 avec l'instauration d'une journée d'hommage national aux harkis.
Ainsi notre pays a-t-il officiellement assumé cette période difficile, douloureuse, sous certains aspects peu glorieuse, comme le sont toutes les guerres, et certaines plus encore que d'autres, mais qui constitue aussi l'une des pages de notre histoire collective.
Ce travail de reconnaissance était nécessaire, mais il n'est pas suffisant. Il y a encore des victimes et des acteurs de cette guerre qui ne trouvent pas l'apaisement : des hommes et des femmes heurtés, choqués par le choix du jour commémoratif. Le 5 décembre, comme le rappelait mon collègue Alain Néri, n'a pas de fondement historique. Il ne correspond à rien dans la mémoire de cette période. Comment pourrait-il alors générer recueillement et souvenir ?
J'en appelle, monsieur le secrétaire d'État, à la tradition républicaine qui veut que le choix du jour commémoratif se fonde sur une date historique marquant la cessation officielle des hostilités, sinon la fin des combats eux- mêmes. Le jour qui s'impose dans le cas de la guerre d'Algérie est le 19 mars, date du cessez-le-feu officiel qui accompagne les accords d'Évian.
Cette idée n'outrage pas les victimes postérieures à cette date, qui furent, hélas ! nombreuses – trop nombreuses. Elle s'inscrit simplement dans une vérité historique.
Quant au fait de renoncer à la célébration du 5 décembre au profit du 19 mars, il n'aurait rien de politicien dans tout cela, puisque ce souhait est partagé par des collègues de toutes tendances réunies dans cet hémicycle.
Le but que visent ceux qui plaident pour que la Journée nationale du souvenir et du recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d'Algérie et des combats du Maroc et de Tunisie soit fixée au 19 mars, c'est de permettre aux combattants de la troisième génération du feu d'effectuer un travail de deuil et de mémoire serein.
Ils avaient vingt ans, ils se sont battus pour leur pays. Nous leur devons bien ce repos de l'âme. Je sais que ce sujet a été évoqué plusieurs fois. Mais croyez bien que nous reviendrons sans relâche sur cette exigence tant que justice ne leur aura pas été rendue !
Monsieur le secrétaire d'État, entendez-vous engager un débat national afin de parvenir à une véritable unanimité sur la date de cette commémoration ? Entendez-vous autoriser à notre pays une histoire enfin apaisée ? Dans l'attente de ce débat nécessaire, répondrez-vous à la demande des anciens combattants, qui souhaitent que les autorités civiles et miliaires participent aux cérémonies du 19 mars dès le 19 mars 2008. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche et du groupe de la Gauche démocrate et républicaine.)