Comme tel, il répond à une triple ambition : civique et pédagogique, culturelle et touristique, économique et commerciale.
Ambition civique et pédagogique, tout d'abord, parce que la préservation de l'héritage combattant et sa transmission aux jeunes générations contribuent à maintenir le lien entre la société et son armée après la disparition du service national.
Ambition culturelle et touristique, ensuite, parce que l'exploration des lieux de mémoire permet de valoriser l'exceptionnel patrimoine civil et militaire dont dispose la France, et constitue une composante complémentaire de l'offre touristique traditionnelle.
Ambition économique et commerciale, enfin, puisque la démarche contribue au développement de régions dont le patrimoine mémoriel devient un facteur direct de création de richesse.
L'originalité du tourisme de mémoire réside autant dans le contenu du projet, qui propose une approche nouvelle du territoire national, que dans la création d'une dynamique, sur laquelle repose sa mise en oeuvre.
Le territoire national a été divisé en « territoires de mémoire » présentant des caractères historiques homogènes, pour permettre une mise en valeur touristique cohérente et attractive du patrimoine mémoriel.
La DMPA a tracé des « chemins de mémoire » organisés autour de quatre thématiques : fortifications, conflits de 1870, de 1914-1918 et de 1939-1945. Ce travail a été accompli en liaison avec les préfets, les collectivités locales et les anciens combattants.
L'impossibilité de mettre en valeur le patrimoine dans son entier a conduit à choisir des « points d'appui », qui sont des sites symboles labellisés destinés à relier entre eux les chemins de mémoire.
Autre aspect innovant, l'utilisation des technologies de l'information et de la communication a constitué un élément essentiel de la politique du tourisme de mémoire, avec le site interministériel entre le secrétariat d'État aux anciens combattants et le secrétariat d'État au tourisme, créé en 2004.
La valorisation des lieux de mémoire s'avérant très inégale, l'État a souhaité insuffler une dynamique impliquant les collectivités locales et les acteurs privés, et rationaliser le financement des projets.
En outre, trois accords interministériels intégrant le secrétariat d'État aux anciens combattants font partie de la dynamique lancée par l'État.
Ils ont pour objet de développer les voies et moyens financiers d'un tourisme organisé autour des lieux de mémoire ; de renforcer la coopération destinée notamment à préserver et mettre en valeur le patrimoine dont le ministère de la défense est affectataire – par exemple l'Hôtel de la Marine, l'Hôtel national des Invalides, le Château de Vincennes – ; de mieux coordonner les actions communes dans les domaines de la citoyenneté et de la transmission de la mémoire.
Le principal chantier auquel participera le ministère de la défense pour les cinq ans à venir est la construction d'un centre d'interprétation à Verdun, dans la perspective du centième anniversaire de la bataille, en 2016.
Depuis 2007, l'État porte ses efforts sur l'évolution du site Internet « Chemins de mémoire » et le développement de sites de recherche mis à la disposition du public.
Le succès du site « Chemins de mémoire » est allé croissant, passant de 128 visites par jour en 2004 à plus de 2000 au premier semestre 2007. 1,5 million de pages sont consultées annuellement par une clientèle jeune et diversifiée : 40 % des internautes ont moins de vingt-cinq ans, 45 % sont des particuliers, 25 % des professionnels du tourisme.
En termes de flux, la clientèle du site, majoritairement anglo-saxonne, se diversifie depuis quelques années et provient notamment d'Europe de l'Est – Tchèques, Polonais – et du Sud, notamment d'Espagne.
À côté du site principal, le ministère de la défense a créé deux autres sites : le site « Mémoire des hommes », qui répond à l'intérêt croissant du public pour la généalogie, et le site « Sépultures de guerre », qui permet de connaître le lieu d'inhumation des personnes décédées au cours des conflits contemporains.
Parce qu'une partie de la mémoire étrangère se trouve en France, le tourisme de mémoire participe de cette « mémoire partagée » et se veut une démarche de rapprochement entre les acteurs des conflits mondiaux.
La politique du tourisme de mémoire a eu pour principal mérite d'initier une valorisation d'ensemble du patrimoine mémoriel. Cependant, elle n'a pas exploité toutes les perspectives ouvertes par la démarche, qui mérite à présent d'être relancée et approfondie.
Il s'agirait en premier lieu de redéfinir le concept et d'élargir la période de référence. En effet, l'effort ayant principalement porté sur le patrimoine lié aux deux conflits mondiaux, le gisement de mémoire considérable que possède la France demeure en partie inexploité.
Il conviendrait ensuite de relancer la politique de mémoire en privilégiant l'approche économique, c'est-à-dire en envisageant le tourisme de mémoire dans le cadre plus global de l'économie touristique française. Faut-il vous rappeler que le tourisme en France représente 6,7 % du produit intérieur brut ?