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Intervention de Philippe Tourtelier

Réunion du 10 juin 2009 à 15h00
Grenelle de l'environnement — Motion de renvoi en commission

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPhilippe Tourtelier :

Il faut développer les commerces de proximité, qui devront aussi servir de dépôts pour les produits commandés par Internet, résolvant ainsi le problème de livraison lié au « dernier kilomètre ».

Quant à la consommation, si on veut qu'elle soit « durable », il faut d'abord là aussi poser des limites à la publicité qui nous incite à consommer toujours davantage, en nous faisant prendre nos désirs pour des besoins.

Il ne sert à rien de voter l'article 48 qui prône l'éducation au développement durable, si l'on laisse en même temps les publicitaires s'approprier le « temps de cerveau disponible » des enfants – qui, en moyenne, regardent la télévision plus de trois heures par jour – pour les inciter à consommer ou, pire, à faire consommer leurs parents, au détriment de leur santé. Pensons aux débats sur la publicité et l'obésité. Les quelques amendements que nous avons déposés dans ce sens ont été refusés, nous le regrettons. Il ne s'agit pas de supprimer la publicité, mais de la réorienter et de la rééquilibrer vers sa fonction d'origine, à savoir l'information.

S'en remettre à la régulation volontaire de la publicité par les professionnels eux-mêmes – article 47 – est très insuffisant et donnera les mêmes résultats que la prétendue autorégulation des marchés. Est-il moral d'autoriser la publicité destinée aux enfants ? Compte tenu des moyens considérables de la publicité, la loi doit davantage définir le rôle qu'elle peut jouer dans l'émergence de cette nouvelle économie compatible avec nos objectifs sociaux et environnementaux. Nous devons passer, en effet, d'une économie de gaspillage à une économie de fonctionnalité. La valeur d'usage reprend le pas sur la valeur de possession. L'économiste Michèle Debonneuil parle de l'émergence d'une économie « quaternaire », remettant en cause nos trois secteurs traditionnels d'analyse – primaire, secondaire, tertiaire – avec l'arrivée de produits qui ne seront « ni des biens, ni des services, mais de nouveaux services incorporant des biens ». Elle ajoute : « Nous passons d'une économie de l'« avoir plus » à une économie de l'« être mieux » ». Or pour cette mise à disposition de nouveaux services incorporant des biens et pour leur maintenance, la proximité jouera un rôle de plus en plus important. Cette nouvelle économie doit également nous amener à raisonner différemment en termes d'emploi et de droits sociaux.

Aujourd'hui, la théorie de l'avantage comparatif s'applique du niveau mondial au niveau local, induisant une production éclatée, avec des conséquences très négatives en termes environnementaux, dues aux émissions de CO2 liés aux transports des produits, mais aussi – on l'oublie trop souvent – des conséquences sociales liées à la remise en cause du droit du travail pour favoriser la mobilité liée à ce type de production, qui conduit beaucoup de salariés à la précarité.

Ainsi, pour un couple dont les deux membres travaillent – ce qui est le cas le plus fréquent –, comment concilier vie de famille et exigences croissantes de mobilité ? Pourquoi l'âge de la mère au premier enfant est-il désormais en moyenne de trente ans alors que, pour notre génération, il se situait entre vingt et vingt-cinq ans ? En fait, la nouvelle génération a légitimement besoin, pour se projeter dans le futur, d'un minimum de sécurité, en particulier dans le travail, qui conditionne les revenus.

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