Ce qui est vrai pour notre pays l'est aussi au niveau international. Dès 1987, le rapport Brundtland soulignait que la meilleure façon de parvenir à un développement durable était de lutter contre la pauvreté. Lors de la conférence de Poznań, nous avons constaté que les discussions les plus difficiles étaient celles qui concernaient le montant et la répartition des sommes dégagées par les politiques climatiques pour aider les pays en voie de développement, ceux-ci n'ayant d'ailleurs plus confiance dans les engagements des pays riches, tant ils constatent chaque jour les retards pris dans l'application des Objectifs du Millénaire.
En France, Jacques Chirac avait fait la promesse que notre aide au développement atteindrait 0,7 % du revenu national brut en 2012 – engagement repris par le président Sarkozy lorsqu'il a reçu les ONG en 2008, mais dont l'échéance a été repoussée à 2015. Or nous sommes à peine à 0,4 %. Il faut donc inscrire la promesse de nos présidents dans cette loi d'orientation, en complétant l'alinéa 11 de l'article 42. À défaut, quelle crédibilité aurons-nous à Copenhague lorsque nous promettrons que les politiques pour lutter contre le réchauffement climatique seront l'occasion de ressources nouvelles pour les pays en voie de développement ?
Ainsi, que ce soit au niveau international ou national, la lutte contre le réchauffement climatique passe-t-elle par l'établissement de limites dans les écarts de richesse. Si nous devons retrouver la notion de limite pour poser les problèmes, il nous faut également retrouver la proximité pour tenter de les résoudre.
Il s'agit d'un changement culturel profond, à une époque où l'on ne parle plus que de mondialisation. Nous ne nions pas la réalité de la mondialisation, et nous reconnaissons que, dans certains domaines, elle est positive et irréversible. Mais là encore, que ce soit au niveau international ou dans notre pays, la crise écologique nous oblige à en faire une analyse critique en réhabilitant la notion de proximité. La division internationale du travail oblige à transporter les marchandises d'un bout à l'autre du globe pour les fabriquer dans un endroit, les assembler dans un autre, les conditionner ailleurs, avant de les consommer. Ainsi, le capitalisme contemporain, du fait de son libre-échange généralisé, est énergivore, monsieur le ministre des transports, et constitue l'une des causes importantes de l'explosion des émissions de gaz à effet de serre. La théorie de l'avantage comparatif, qui fonde ces échanges, n'inclut pas les externalités environnementales, comme le dégagement de CO2 ou la déforestation. Les nouveaux liens écologiques et économiques engendrés par la mondialisation doivent être analysés par l'OMC, avec leurs conséquences sociales et environnementales. Alors, nous pourrons établir des règles permettant de garder le meilleur de la mondialisation économique, tout en évitant ses dérives sociales et environnementales. Si la notion de proximité permet de diminuer les coûts énergétiques au niveau international, c'est aussi vrai dans notre pays, dans le domaine économique et social.
Les transports et les déplacements étant les secteurs où nous sommes le plus désarmés, il nous faut revoir nos systèmes de production, de distribution et de consommation, en recherchant les circuits courts et en nous recentrant sur nos besoins plutôt que sur nos désirs. L'analyse du cycle de vie des produits pourra nous permettre, à chaque étape, d'optimiser les coûts en CO2 en recourant au maximum à un approvisionnement de proximité. Il faut aussi développer la production énergétique décentralisée, appuyée sur un réseau national assurant la sécurité de l'ensemble. Nous devons enfin soutenir l'économie sociale et solidaire, dont le but n'est pas un enrichissement des actionnaires qui se fait trop souvent au détriment de l'environnement, mais une production de biens et de services compatibles avec le développement durable.
Dans la mesure où vous ne nous avez pas permis de débattre en commission, monsieur le président de la commission, ayez au moins la courtoisie de m'écouter au lieu de distraire mes collègues de groupe... (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.)