Découvrez vos députés de la 14ème législature !

Intervention de Philippe Tourtelier

Réunion du 10 juin 2009 à 15h00
Grenelle de l'environnement — Motion de renvoi en commission

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPhilippe Tourtelier :

En effet, depuis le mois d'octobre 2008, le contexte a beaucoup évolué à cause de la crise, ou plutôt de la prise de conscience des crises, et le texte aurait donc mérité une véritable seconde lecture. Les analyses se succèdent, la plupart parlant de « crise systémique », c'est-à-dire de remise en cause des modèles sur lesquels nous vivions jusqu'à présent. C'est pourquoi nous nous félicitons que vous ayez accepté en première lecture notre amendement replaçant le Grenelle de l'environnement dans la problématique plus vaste du développement durable.

Encore faut-il passer des discours aux actes. Les plans de relance ont-ils été l'occasion de ces nouvelles approches ? Malheureusement non ! S'il était légitime de répondre d'abord au court terme, ce n'était pas contradictoire avec la préparation d'une sortie de crise par la réorientation de nos économies. D'autant plus que les opinions publiques sont prêtes : une étude internationale de juin 2008 montre que dans les pays développés le lien entre la crise économique et la crise écologique est de plus en plus établi. Mais la même étude ajoute : « La crise a accentué le décalage entre la façon dont les gouvernements posent les problèmes et la façon dont les opinions les perçoivent. Il existe le sentiment que de cette crise globale il pourrait sortir quelque chose de positif, à condition que l'argent public qui est injecté dans l'économie mondiale serve à préparer un autre avenir. »

Or, la question écologique semble reléguée au second plan dans les décisions prises, et il est à craindre qu'avec une sortie de crise non orientée, on ne reparte dans les mêmes errements en aggravant la crise écologique.

Le succès ou l'échec du Grenelle de l'environnement est donc étroitement lié aux décisions politiques, économiques et sociales. Jusqu'ici, celles-ci ne tenaient pas compte de l'écologie. C'est un bouleversement culturel qui est attendu dans nos prises de décisions collectives, avec le renoncement à des modèles de référence ou à des idéologies prétendues justes parce que dominantes à un moment donné,

J'ai eu l'occasion de m'exprimer en première lecture sur le caractère fondamental du passage de la croissance au développement ; je n'y reviendrai donc pas. Je compléterai en évoquant deux nouveaux repères issus de l'analyse des crises : la limite et la proximité.

Il me semble que, pour poser les problèmes, il faut se référer à la notion de limite, et qu'il faut, pour tenter de les résoudre, promouvoir la notion de proximité.

Réhabiliter la notion de limite est, dans nos sociétés de plus en plus individualistes où la défense inconditionnelle de la liberté semble parfois illimitée, un enjeu culturel fort. Cette démesure, cette ubris pour reprendre le terme d'Aristote, vient de s'exprimer mondialement dans la crise financière. Il est urgent de restaurer la notion de limite, donc de régulation, dans notre culture.

Ces limites s'imposent d'abord à nous avec la crise écologique. Nous vivons dans un monde fini et nous devons en tirer dès aujourd'hui toutes les conséquences en termes de production et de consommation.

Le système économique actuel nous conduit, dès ce siècle, à une crise d'épuisement des ressources naturelles qui concerne non seulement les énergies fossiles – ce dont nous commençons à avoir conscience –, mais aussi beaucoup de matières premières indispensables aux technologies actuelles – ce dont nous parlons beaucoup moins.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion