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Intervention de Chantal Berthelot

Réunion du 10 juin 2009 à 15h00
Grenelle de l'environnement — Reprise de la discussion

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaChantal Berthelot :

Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'État, mes chers collègues, lors du forum préparatoire du sommet de Copenhague sur le changement climatique, dit forum des économies majeures, qui s'est tenu fin mai, M. Borloo a déclaré que le destin du monde se jouerait probablement dans la capitale danoise. Il faisait ainsi écho aux prévisions du GIEC, selon lequel nous risquons d'« atteindre un point de non-retour s'il n'y a pas la mise en oeuvre rapide d'une diète carbonique, préfigurant une nouvelle civilisation ». C'est dans le contexte de ce compte à rebours que je voudrais placer mon intervention, en traitant de la gestion durable et de la préservation de la forêt à des fins économiques.

Un des points d'achoppement des négociations internationales demeure le problème du financement, notamment du transfert en direction des pays du Sud des fonds indispensables à leur développement durable. Des propositions existent, je veux citer en particulier celle, émise en 2005, d'un marché du carbone susceptible de donner une valeur monétaire aux ressources environnementales des pays du Sud, puis celle, faite en 2006, d'un fonds pour encourager les démarches volontaires des pays en voie de développement. La conférence de Bali a acté le principe que tout effort visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre issues de la déforestation ou à conserver, voire à augmenter les stocks de carbone forestier, doit être rapidement et effectivement récompensé. Tout récemment, au forum des économies majeures, une convergence de vues s'est faite sur un « fonds vert », abondé par la contribution des pays les plus riches, au prorata de leur PIB et de leurs émissions passées et présentes.

Lors de la conférence sur le climat de Poznań, où j'ai eu la chance, avec d'autres collègues, d'accompagner M. le ministre d'État ainsi que Mme Kosciusko-Morizet, alors secrétaire d'État à l'environnement, des mécanismes de financement ont certes été formalisés, mais leur mode et la faiblesse du montant en limitaient grandement l'impact. Or les besoins sont évalués à plus de 100 milliards d'euros par an d'ici à 2020. Dans son propos introductif, M. le ministre a indiqué que l'une des priorités de Copenhague sera bien cette question. Les pays du Sud, dont la Guyane fait partie du point de vue géographique, mais aussi au vu de critères socio-économiques, comptent sur la France pour agir en faveur de son règlement. Le succès ou l'échec de Copenhague en dépend.

Pour revenir au Grenelle de l'environnement et à notre débat franco-français, je vais vous parler de la forêt guyanaise qui couvre 90 % du territoire du département. Certes, la Guyane est française et européenne, mais nous partageons, à maints égards, les caractéristiques du Sud : elle est confrontée à un véritable décrochage de ses indicateurs socio-économiques ; son indice de développement humain la place au quarante-troisième rang mondial – je n'annonce pas ce classement avec fierté. Comme dans les pays du Sud, l'urgence écologique ne peut donc pas être dissociée de l'urgence socio-économique. Je dirai plutôt, comme M. le ministre, qui a le sens de la formule, que la révolution écologique ne peut pas être dissociée d'une révolution socio-économique,...

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