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Intervention de Jean Lassalle

Réunion du 10 juin 2009 à 15h00
Grenelle de l'environnement — Reprise de la discussion

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean Lassalle :

Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'État, mes chers collègues, je ne vais pas enfoncer plus de portes ouvertes que ceux qui se sont exprimés avant moi, mais certainement pas moins non plus. (Sourires.)

Dimanche dernier, il n'a échappé à personne que les Français ont lancé un signal très fort en exprimant leurs soucis concernant l'avenir de la planète. Le problème, c'est que 60 % d'entre eux ne se sont pas déplacés, comme tout le monde l'a dit. C'est peut-être parce qu'il leur manque des explications, ou qu'ils ne comprennent pas trop.

Je dois rappeler ici que, dans ma circonscription, lors du second tour des dernières élections législatives, qui fut une triangulaire – la seule de France –, 90 % des Basques et des Béarnais avaient pris le chemin des urnes, ce qui avait abouti à un record de participation…

L'avenir de la planète suscite une grande inquiétude, tout comme nos paysages. Mais là où le bât blesse – tant pis, je vais faire de la peine à certains –, c'est que les réponses continuent à être apportées par la haute finance, nationale et internationale, dans les pays les plus riches de la planète, qui sont aussi en déficit.

Je ne parlerai pas de Home, bien entendu. Je ne pense que cela n'honore la démocratie française, ni même la cinématographie. Cela fait certainement du bien à Pinault, à PPR, qui s'offrent la plus formidable opération de propagande jamais faite. Je ne néglige pas le talent de Yann Arthus-Bertrand et de Nicolas Hulot, mais ont-ils vraiment besoin de s'en mettre « plein les fouilles » à ce point pour essayer de faire croire à ceux qui sont souvent les plus déshérités que l'on va sauver la planète ? Personnellement, je ne le pense pas, et j'espère qu'un jour viendra où des enquêtes s'ouvriront, pour que l'on sache d'où viennent ces sommes, qui, derrière tout cela, paie et entretient l'illusion.

Cela étant, il ne faut pas se leurrer. Notre pays, même si Jean-Louis Borloo et vous-même, monsieur le secrétaire d'État, l'avez fait beaucoup avancer – et le Grenelle de l'environnement y a contribué –, est un pays figé. C'est un pays qui n'avance plus. Les réserves d'Indiens – qui sont d'ailleurs, de plus en plus, des réserves sans Indiens, et c'est pourquoi il n'y a plus de débat – sont en train de le disputer aux cages à lapins, c'est-à-dire aux banlieues les plus difficiles à vivre, où il est même devenu pratiquement impossible de vivre.

Mais pour le reste, pour ceux qui sont un peu loin, eh bien tant pis : si l'on n'a pas eu la chance de faire une autoroute à temps, on ne la fera jamais. Tant pis si les femmes mettent deux heures pour se rendre à la maternité la plus proche. Ce n'est pas grave : c'est comme ça.

Et quant aux lignes à grande vitesse, qui doivent apporter tant et tant de réconfort, on n'est pas fichu de faire un plan pour l'une d'entre elles sans qu'il soit aussitôt arrêté, parce que l'on a peur des conséquences. On explique tellement à nos concitoyens qu'il n'y aura que des catastrophes partout que, du coup, on n'ose plus rien faire.

Méfions-nous de notre pays, qui n'avance plus. C'est un peu terrifiant. Je mesure certes ce qu'il y a à faire en France et dans le monde entier, mais j'attends le jour où M. Arthus-Bertrand nous montrera, vue d'avion, la cohorte de ces centaines de milliers d'hommes qui quittent leurs territoires de campagne ou de montagne pour aller s'entasser dans les banlieues. Ce jour-là, nous aurons peut-être fait un grand pas dans la compréhension du message qui nous a été envoyé à tous dimanche dernier.

Combien de temps me reste-t-il ? Trois secondes. Je veux dire ici en quelle estime sont tenus les élus de la nation, lorsque le préfet des Hautes-Pyrénées leur écrit, le 8 juin, par e-mail, pour leur demander de faire acte de candidature avant le 12 juin à dix-huit heures pour figurer dans le nouveau conseil d'administration du parc, l'affaire se terminant par une élection qui se tient le 15 juin à quatorze heures. Moins de huit jours pour sensibiliser 250 élus. Bravo la dignité ! Bravo le sens des responsabilités ! Bravo la conscience ! Ça fait chaud au coeur ! (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes SRC et GDR.)

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