Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'État, monsieur le rapporteur, aujourd'hui, bien sûr, plus personne ne conteste le diagnostic sur l'état de la planète : crise climatique, crise énergétique, dégradation des écosystèmes. Ce quasi-consensus est le résultat du travail de la communauté scientifique, de personnalités et de nombreuses associations qui ont permis cette large prise de conscience. Sans cette prise de conscience, le principe même du Grenelle n'aurait pas été possible. Maintenant, l'heure est à l'action, tout le monde l'a dit, notamment pour revoir en profondeur l'organisation de notre société.
Point par point, le texte que nous discutons contient des avancées ; c'est pour cela que nous l'avons voté en première lecture. Mais, globalement, ce projet de loi manque cruellement d'ambition.
Le Gouvernement a préféré faire l'économie d'un véritable débat politique et idéologique sur le développement durable. Ce débat, je le regrette profondément, a été noyé dans le détail des mesures discutées. Ainsi, la question de la rupture avec nos modes de production et de consommation n'a pas été tranchée ni même abordée.
Quelle que soit l'issue de ce texte, quel que soit l'intérêt de plusieurs dispositions qu'il contient, je redoute qu'il contribue à masquer des enjeux qui le dépassent.
Je redoute le moment où, lorsque le processus du Grenelle de l'environnement sera clos, que quelques mesures emblématiques auront été appliquées, la pression politique sur la question écologique ne redescende. J'espère que ce ne sera pas le cas. En tout cas, notre responsabilité, en tant qu'opposition constructive, sera de maintenir la pression.
Nous serons là pour montrer que, dans plusieurs domaines, une rupture est nécessaire, bien au-delà de ce projet de loi, à bien des égards beaucoup trop timide.
En effet, le Grenelle aurait pu être le lieu d'un débat de fond sur la réorganisation de notre agriculture, sur des visions à long terme, sur les manières de produire, mais également sur les liens entre la production agricole et la consommation.