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Intervention de Yves Cochet

Réunion du 10 juin 2009 à 15h00
Grenelle de l'environnement — Question préalable

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaYves Cochet :

Certes, monsieur Herth, puisque vous êtes dans l'agronomie depuis très longtemps !

Les cultures mineures sont, par exemple, les arbres fruitiers. Dieu sait si nous sommes à la pleine saison des cerises, des pêches, que ce soit dans le Vaucluse, dans le sud de la France, ou même dans le nord, car nous avons des pêches et des cerises en Bretagne ! C'est ce domaine, où l'usage des pesticides est très intensif, qui serait exonéré de la réduction de 50 % ! Cet amendement est d'autant plus scandaleux que l'on connaît les conséquences sanitaires des pesticides à haute dose sur les consommateurs, comme le prouvent plusieurs études médicales, scientifiques et sanitaires. Un professeur de Montpellier a souligné que ces pesticides pouvaient entraîner des changements génétiques sur les fils et filles de viticulteurs. C'est tout de même assez inquiétant. Je vous renvoie aussi au livre et au film de Marie-Monique Robin et à d'autres films actuellement projetés dans le monde. Je citerai également le beau film que vous avez tous vu, vendredi dernier, Home de Yann Arthus-Bertrand, où l'on voit des pesticides être utilisés de manière très industrielle et être même « balancés » par avion. C'est évidemment totalement aberrant ! Il ne faut donc pas exempter les cultures mineures de cette division par deux des pesticides. Nous avons donc proposé un amendement dans ce sens. J'espère que le Gouvernement le lira.

Je citerai un cinquième exemple : celui du débat, dont vous me direz qu'il est étymologique, sur les « agrocarburants » et les biocarburants. Les sénateurs, dans leur grande sagesse, comme ils en font parfois preuve, ont dit que ce n'était pas des biocarburants, parce que cela laisserait entendre qu'il s'agit d'agriculture biologique. Ça fait bien, le « bio ». Pas du tout ! L'essentiel des centaines de milliers d'hectares actuellement cultivés, s'agissant des « agrocarburants » vient de la terre. On le constate parfaitement avec l'éthanol et le maïs aux États-Unis ou, ici, avec le lobby des betteraviers et des céréaliers, lesquels ont fini par convaincre l'ancien Premier ministre, M. de Villepin, à l'automne 2005, qu'il fallait absolument développer à hauteur de 10 % les additifs en biocarburants – appelons-les « agrocarburants » – en France. C'est de la folie pour des raisons médicales, sanitaires, pour des raisons de conflit d'utilisation des terres et évidemment pour le bilan énergétique. Mais qui connaît le bilan énergétique, le rapport entre l'énergie investie et l'énergie finale des biocarburants ? On n'en parle certainement pas dans les rapports anciens de l'ADEME et de certains bureaux d'études comme Pricewaterhouse-Coopers où l'on dit que fabriquer un litre d'éthanol était plus intéressant que d'avoir un litre d'essence issue du pétrole. C'est totalement faux ! Le bilan énergétique de toute la filière « biocarburant », notamment l'éthanol, est presque négatif. Le diester est meilleur, mais on a choisi l'éthanol en France. Autrement dit, on met plus d'énergie en amont que l'on n'en retrouve en aval dans un litre de biocarburant. C'est une aberration thermodynamique. Je n'y reviens pas, mais nous devrions parler plus de thermodynamique et moins de lois de l'économie parce que, vous le savez, en matière d'économie, on ne sait pas très bien ce qui va se passer dans quinze jours ! Nous allons, quant à nous, évidemment réintroduire par un amendement le terme « agrocarburants » qui correspond à la réalité actuelle. Cet amendement est pour nous non seulement symbolique, mais très important. Cela nous permettra, en effet, de savoir si vous avez fait votre « conversion écolo » depuis dimanche dernier ! (Sourires.)

En conclusion, nous ne pouvons voter ce texte en l'état. Nous l'avons précisé, il y a neuf mois, en première lecture. Il y a eu une grande campagne européenne. Tous les candidats ont beaucoup parlé d'écologie, et c'est très bien. Je ne peux que m'en féliciter. Maintenant, il faut agir ! Il ne suffit plus d'en parler et de dire : « je suis écolo et plus écolo que moi, tu meurs », il faut le traduire dans les textes législatifs et ensuite dans les actions. Donc, je le répète, nous ne pouvons voter ce projet en l'état. Nous nous étions d'ailleurs abstenus en première lecture pour permettre au Gouvernement de prendre conscience que l'évolution de la planète et de l'humanité se poursuivant, il convenait d'être beaucoup plus audacieux. Cela n'a pas été le cas. Au contraire, ce texte a été raboté par le Sénat et par la commission, ce que nous regrettons. Je ne comprends pas ces contradictions au sein de la majorité entre un discours apparemment volontariste…

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