Monsieur le Premier ministre, les salariés de Radio France Internationale entrent dans leur cinquième semaine de grève. Ils protestent contre un plan social qui prévoit 206 suppressions d'emplois, c'est-à-dire le quart de l'effectif global.
RFI, c'est notre radio publique à vocation internationale, c'est l'une des radios plus écoutées au monde derrière la BBC et la Voix de l'Amérique. Leader d'opinion incontesté dans toute l'Afrique francophone, elle a joué un rôle essentiel dans de nombreuses crises internationales de l'histoire récente.
Pourtant, la direction de l'Audiovisuel extérieur de la France, qui regroupe désormais RFI et France 24, a décidé d'affaiblir RFI en s'appuyant sur des arguments économiques douteux : qu'est-ce qu'un déficit pour une entreprise à 100 % publique, puisque c'est l'État qui décide chaque année de la dotation dont elle bénéficiera ? Quel sens peuvent avoir des licenciements prétendument économiques lorsque l'État décide seul du curseur des ressources ?
Notre rapporteur général du budget, Gilles Carrez, avait d'ailleurs fait observer, dans son rapport d'octobre 2008, que sans diverses jongleries comptables de Bercy, le résultat de RFI aurait été excédentaire l'année passée.
On comprend l'amertume des journalistes et techniciens de RFI lorsque l'on sait que, dans le même temps, l'épouse du ministre des affaires étrangères a été nommée, dans des conditions assez singulières, à la Direction générale de l'Audiovisuel extérieur de la France et s'est vu attribuer une rémunération de l'ordre de... – non, des oreilles sensibles nous écoutent peut-être ! – en tout cas bien supérieure à celle des autres dirigeants de l'audiovisuel public.
Je vous demande donc, monsieur le Premier ministre, quelles mesures vous entendez prendre pour moraliser de telles pratiques dans une entreprise publique et surtout pour stopper le démembrement de RFI, outil exceptionnel au service de l'influence française dans le monde. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)