En écoutant attentivement l'intervention intéressante, et assez habile, de Michel Sapin, je me disais que mes explications de vote sur l'exception d'irrecevabilité défendue par M. Muet étaient justifiées. En effet, que nous a dit M. Sapin ? Premièrement, ce budget serait celui des occasions manquées – nous verrons – ; deuxièmement, il manquerait de sincérité.
Sur ce dernier point, je reconnais que ses arguments correspondaient davantage à ceux d'une exception d'irrecevabilité. Mais l'on peut faire dire ce que l'on veut aux chiffres, et M. le ministre vient de rappeler combien la prévision était compliquée. Au reste, M. Sapin a commencé son propos en indiquant que chacun cherche à être sincère lorsqu'il travaille sur un budget. Il reconnaît donc – et il est bien placé pour le savoir – que chaque ministre fait ce qu'il peut en matière de sincérité budgétaire. Dès lors, pourquoi faire un tel procès ? Tous ses arguments destinés à étayer la thèse de l'insincérité tombent ! L'exercice budgétaire est parfois difficile, mais de là à dire qu'il est insincère, il y a un pas que l'on ne peut pas franchir.
Lorsqu'il a évoqué les dépenses en matière d'emploi et de logement, ses thèses m'ont paru mieux argumentées, mais elles ne m'ont guère convaincu, notamment en ce qui concerne le plan de sauvetage des banques. Je rappelle en effet que les membres du groupe socialiste avaient voté ce plan en commission, avant de se rétracter en séance publique. Il faudrait donc qu'ils fassent preuve d'un peu plus de cohérence. Le propos de M. Sapin n'en manquait pas, mais nous ne voterons pas l'exception d'irrecevabilité.