Ce qui est en cause, dans le capitalisme tel que vous le décrivez, ce ne sont au fond ni les rémunérations ni les parachutes dorés – ils ne relèvent que d'une apparence devenue ingérable parce qu'elle fait réagir l'opinion. Cela dit, puisque vous vous intéressez aux rémunérations, peut-être nous direz-vous un mot de celle du Napoléon de l'automobile, Carlos Ghosn, qui, s'inspirant de l'exemple de Poutine, vient de se trouver un clone pour diriger Renault, qui a désormais son Medvedev. (Sourires.)
Vous n'admettez pas qu'il faille changer de logique. Vous vous esbaudissez de la démission des dirigeants de la Caisse d'Épargne, qui ont perdu 600 millions d'euros,.mais vous ne condamnez pas la logique qui a conduit à ce résultat lorsque vous vous contentez de pénaliser ceux qui ont été pris les doigts dans le pot de confiture. De même, avant que Jérôme Kerviel se « plante », si je puis dire, personne, à la Société générale, ne trouvait rien à redire à ses agissements. Or, là encore, vous saviez tout, puisque vous aviez été prévenu par l'AMF. Quand M. Milhaud, profitant de ce que M. Mayer, directeur général de la Caisse des dépôts et consignations, était sur son lit de mort, a porté le coup qu'on sait, vous le saviez et vous avez sanctifié ce coup pervers. Vous n'avez même pas tenté de moraliser. C'est pourquoi le Gouvernement est évidemment coupable.
Vous refusez de poser la grande question de la répartition des richesses créées par la production. En 1960, 25% des richesses créées allaient aux actionnaires, contre 65% aujourd'hui. Ne pensez-vous pas qu'il y ait là une anomalie ? M. Muet a prononcé un gros mot, dont je m'étonne que vous ne l'ayez pas relevé : celui de « planification », auquel il a adjoint prudemment l'adjectif « indicative ». De fait, personne ne pense qu'il faille en revenir au Gosplan ! (Sourires.)