Ce montant est avant tout une signature – celle de l'État – qui va permettre d'emprunter sur les marchés et de prêter aux banques – avec intérêt et moyennent gage, je l'ai dit.
Ce projet de loi de finances est un projet de lucidité. Dans un contexte incertain quant à la croissance économique, il n'est pourtant pas simple de présenter un budget pluriannuel avec une loi de programmation des finances publiques qui nous amène jusqu'en 2012.
Début septembre, notre hypothèse de croissance du PIB de 1 % pour 2009 était la plus basse depuis vingt-quatre ans : c'est dire que nous n'étions pas particulièrement optimistes ! Depuis, la crise financière a complètement rebattu les cartes. Même si la réponse des pays européens a été prompte, pertinente et pionnière, et devrait permettre de ramener la confiance sur les marchés financiers, cette crise aura des séquelles importantes. En un mois, nous sommes rentrés dans une nouvelle ère économique : si, jusqu'ici, le prix du risque était toujours sous-estimé, dorénavant, c'est le prix de la confiance qui est surévalué. C'est à nous qu'il revient de restaurer cette confiance.
J'en viens aux prévisions pour 2009. La situation est très sérieuse : les turbulences qui perturbent les marchés financiers internationaux depuis un an sont la conséquence d'une purge profonde et durable du secteur financier américain, après des années pendant lesquelles les liquidités ont été surabondantes – compte tenu d'une politique débridée en matière de masse monétaire.
La zone euro ressent de plein fouet les effets de cette crise. La croissance économique a été négative au deuxième trimestre 2008 dans toute la zone euro, avec un taux de moins 0,2 %. Elle s'établit à moins 0,3 % en France, en raison notamment d'un repli de nos exportations, lié à un contexte international dégradé.
L'activité s'est également repliée en Allemagne avec moins 0,5 %, en Italie avec moins 0,3 % et au Japon avec moins 0,7 %. Si les États-Unis ont connu un deuxième trimestre plutôt favorable, ce n'est que de faible durée.
La situation économique et financière de l'Europe n'est pas assimilable à celle des États-Unis. Le dire n'est pas faire preuve d'optimisme, mais constater les faits. Les désordres interbancaires sont bien plus élevés aux États-Unis. En Europe, les agents restent solvables et sont essentiellement endettés à taux fixe. Le taux d'endettement des Européens est inférieur en moyenne à 100 % ; le taux d'endettement français est à 93,6 % ; le taux d'endettement dans le continent nord-américain excède 130 %.
L'ajustement immobilier est plus graduel en France et en Allemagne qu'outre-Atlantique. Les banques, quoique ayant dû enregistrer des pertes importantes, sont moins exposées aux activités de marché, leurs revenus provenant majoritairement d'activités de clientèle. Tout cela suggère une meilleure capacité à résister au choc financier majeur auquel sont soumises nos économies.
Depuis le mois de juillet, deux éléments favorables sont intervenus : le prix du baril de Brent a chuté pour s'établir actuellement aux alentours de 70 dollars, après être monté à 148 dollars en juillet, et l'euro est passé au-dessous de 1,40 dollar, après avoir atteint un pic de 1,60 dollar à la mi-juillet.
Le texte du projet de loi de finances, qui a été transmis début octobre au Parlement et dont le volet sur les recettes a été arrêté début septembre, a été bâti sur une hypothèse de croissance du produit intérieur brut de 1 % en 2009. C'est la plus basse hypothèse de croissance depuis vingt-quatre ans. Avec l'épisode de crise financière aiguë qui s'est déclenchée à la fin du mois de septembre – précisément depuis le 15 –, nous sommes dans une ère nouvelle, avec des enjeux économiques différents à résoudre. Il est très probable que la croissance en 2009 n'atteigne pas 1 % et que nous soyons amenés à réviser notre prévision.