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Intervention de Michel Sapin

Réunion du 22 décembre 2008 à 15h00
Projet de loi de finances rectificative pour 2008 — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichel Sapin :

Mais la crise actuelle a été appréhendée mondialement et au niveau européen, et il existe des plans de relance dans chacun des pays de l'Union. Ce n'est pas la France seule qui relancerait ; comme nous relançons tous, il est inexact de dire que l'augmentation de la consommation en France ne profiterait qu'aux produits d'importation. Chacun relançant, chacun nourrit l'autre ! C'est pourquoi il était absolument nécessaire de mener une action concertée au niveau européen, c'est-à-dire dans un espace correspondant à 80 % de nos échanges extérieurs. S'il y a 80 % d'effets sur le territoire européen, nourris par l'ensemble des plans européens en faveur de la consommation, avec seulement 20 % d'évaporation, nous aurons alors réussi à relancer l'activité économique.

Mais je ne suis pas de ceux qui disent : « Tout pour la consommation, rien pour l'investissement ». Là aussi, il faut un mécanisme répartissant de manière équilibrée ce qui va à la consommation et ce qui va à l'investissement.

Dernier élément de réflexion : dans l'investissement, il ne faut pas prendre en compte seulement ce qui relève de l'investissement de long terme. Nous devons certes utiliser une période comme celle-ci pour mobiliser un financement supplémentaire en faveur d'infrastructures qui seront bénéfiques à nos enfants ou petits-enfants, aux générations à venir. Mais l'expérience nous prouve que si l'on veut relancer l'économie en 2009 ou en 2010, il faut aussi stimuler l'investissement de court terme. Tous les autres pays s'y emploient. En effet, il peut, dès maintenant, être mis en oeuvre par les collectivités locales et par l'État. C'est ce que font les Britanniques, et c'est ce que, semble-t-il, Obama souhaite faire aux États-Unis. Il s'agit parfois de petits investissements mais qui, cumulés, auront un effet immédiat sur l'activité économique. Or je crains que, dans les crédits budgétaires inscrits dans la loi de finances rectificatives pour 2009, il n'y ait qu'un peu de financement pour l'investissement de long terme et très peu pour l'investissement immédiat. Voilà le troisième domaine où il me semble nécessaire de rééquilibrer.

Je me résume. Il faut procéder à un rééquilibrage des crédits entre la trésorerie et l'investissement. Il est également nécessaire de rétablir l'équilibre entre la consommation et l'investissement : vous serez dans l'obligation de le faire, alors commençons le plus tôt possible, ne soyons pas les derniers à nous y résoudre ! Enfin, au sein de l'investissement, il faut rééquilibrer crédits d'investissement de long terme et de plus court terme.

Voilà, à grands traits, ce que devrait être l'architecture d'un plan de relance efficace. C'est ce que nous recherchons tous car la situation actuelle n'est pas mauvaise pour les uns et bonne pour les autres : elle est mauvaise pour l'ensemble des Français. Il est de notre devoir à tous, là où nous sommes et dans les responsabilités qui sont les nôtres, de faire des propositions visant à la résolution de la crise. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

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