Découvrez vos députés de la 14ème législature !

Intervention de Marcel Rogemont

Réunion du 2 décembre 2008 à 15h00
Nomination des présidents des sociétés de l'audiovisuel public — Article 5

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarcel Rogemont :

Nous reviendrons sur les conditions de cette nomination. Pour l'heure, nous ne comprenons pas bien pourquoi il faudrait que le président de France Télévisions siège au conseil d'administration de la société, à moins que cela ne cache une intention particulière du Gouvernement, je devrais dire du Président de la République, puisque les institutions de la Ve République ne sont pas respectées et qu'il n'y a plus de Gouvernement – nous nous en apercevons dans les réponses qui sont faites à nos questions. C'est dommage !

Les conditions de la nomination du président de France Télévisions sont un réel enjeu pour la démocratie.

On nous rétorque que le CSA pourra donner un avis sur la nomination du président. Diable ! Alors même que la loi n'est pas encore votée, alors même qu'il est président d'une autorité indépendante et que donc il devrait avoir un devoir de réserve, M. Boyon défend le projet de loi du Gouvernement dans la presse, en lieu et place des députés de l'UMP qui ne disent rien, ce qui est pour le moins étonnant. Et il considère que le temps de parole de la majorité est insuffisant. Pourtant, notre collègue Didier Mathus ne cesse de rappeler que le temps de parole du Président de la République devrait être décompté au même titre que celui des députés de l'UMP. C'est bien à une mise en coupe réglée de France Télévisions par le Président de la République à laquelle nous assistons, dans le silence assourdissant et dans l'acceptation des députés de l'UMP.

Je le demandais aux députés de l'UMP au début de la discussion de ce projet de loi : cessez d'être des sujets, soyez des citoyens respectueux de la démocratie ; ne craignez pas les anathèmes qui vous sont adressés par tel ou tel, essayez, en votre âme et conscience, de réfléchir à la façon dont l'audiovisuel public peut vivre, peut s'exprimer dans le droit fil de la démocratie. Je vois quelques sourires mais aussi quelques signes d'assentiment dans les rangs de la majorité, cela me rassure un peu sur l'avenir de ce projet de loi qui voudrait que seul le Président de la République s'occupe de France Télévisions, au mépris du Parlement et de la démocratie.

Tous les pays démocratiques essaient de mettre de la distance entre la nomination des présidents de leur télévision publique et le pouvoir politique, tous, sauf l'Italie bien sûr.

Didier Mathus a parlé de « berlusconisation ». Il n'a pas tort, mais si nous voulons prendre le miel de ce qui se passe à l'étranger, ce n'est certainement pas vers l'Italie qu'il faut tourner notre regard. Nous devrions plutôt regarder du côté de la Grande-Bretagne où je me suis rendu dans le cadre de mon rapport sur la culture. Les Britanniques essaient en permanence de faire en sorte que le politique ne se mêle pas directement de toutes les décisions qui ont trait à la culture, à la télévision, mais qu'au contraire il garde de la distance. Prenez exemple sur la Grande-Bretagne, pas sur l'Italie.

Nous voulons que la France donne l'image d'un pays démocratique, non d'un pays qui va à vau-l'eau, d'un pays qui serait sous l'emprise d'un seul, comme si la monarchie pouvait à nouveau exister en France.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion