Les journalistes n'ont-ils donc plus le droit d'être critiques, comme l'était le portrait du ministre des affaires étrangères diffusé sur France 24 le 28 juillet dernier ?
Je pense aussi à l'éviction, dans des conditions scandaleuses, de mon collègue Labévière, qui a diffusé un reportage sur M. Bachar el-Assad. À une époque, celui-ci était considéré comme le chef d'un État terroriste ; j'estime pour ma part que c'est une crapule. Je l'ai dit et je le maintiens : c'est une crapule qui continue de financer des actions terroristes. Or, depuis que l'on a déroulé le tapis rouge à M. Khadafi – lequel a même pu dresser sa tente dans les jardins de l'hôtel de Marigny –, M. Bachar el-Assad est devenu un ami de la France. Tant pis pour Labévière, qui a commis son reportage avant le virage diplomatique du Gouvernement et du Président de la République. La diffusion du portrait et de l'entretien avec M. Bachar el-Assad – approuvée par la rédactrice en chef, contrairement à ce que l'on prétend – a coûté son poste à M. Labévière, dans les conditions que l'on sait.
Je pourrai d'ailleurs multiplier les exemples de responsables de RFI qui ont été remerciés. Les relations incestueuses entre le pouvoir et les responsables du journalisme vont parfois loin : songez que « la journaliste d'exception », comme on la qualifie, représente désormais l'État au conseil d'administration du RFI ! Sans doute, comme le suggère le Canard Enchaîné, a-t-il aussi fallu procéder à un « nettoyage d'exception » à RFI…