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Intervention de Jacques Desallangre

Réunion du 12 novembre 2008 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2009 — Économie accords monétaires internationaux

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJacques Desallangre :

Dans la tempête folle qui a saisi une sphère financière transformant en casino l'économie mondiale, dans la faillite de la prétendue autorégulation imposée depuis trente ans, la bataille de la régulation reste à gagner sur des banquiers dont a pu mesurer l'irresponsabilité et sur des financiers qui ont plongé l'économie réelle dans la récession, mais qui – c'est le comble ! – n'acceptent que contraints et forcés le sauvetage par l'État, alors qu'ils ont pourtant poussé l'innovation financière jusqu'à une sophistication répondant à l'unique obsession d'obtenir un rendement toujours plus élevé du capital financier.

En attendant cette régulation dont on veut confier la responsabilité au FMI – par le biais d'intentions follement audacieuses comme la mise en place de codes de conduite, la recommandation de projets, l'adoption de principes –, pourquoi, dans notre pays, l'État se prive t-il de toute possibilité de peser sur la gouvernance des banques aidées ou, mieux encore, d'en prendre le contrôle ? Pourquoi s'interdit-il de leur imposer de revenir à leur mission de gérer dans la transparence le risque du crédit et de l'investissement et non pas de spéculer sur des marchés financiers de manière irresponsable ?

En optant pour la formule des titres subordonnés, l'État a choisi de privatiser l'argent public en le mettant sans condition à la disposition des gérants du néocapitalisme financiarisé. Cette adhésion aveugle à l'idée d'une improbable autorégulation des marchés, cette conviction affichée d'une moralisation du capitalisme ne relèvent- elles pas d'un dogme néolibéral débridé tendance orthodoxe ? L'État ne devrait-il pas être, au contraire, garant, acteur d'une défense de l'intérêt public face aux dérives du capitalisme qui, par nature, ne peut être ni refondé ni moralisé ? Pour cela, une prise de contrôle réelle des banques aidées n'est-elle pas indispensable, au lieu du voeu faussement naïf d'une autorégulation qui n'existera pas si elle n'est pas imposée par la puissance publique ?

Ne me répondez pas que l'Europe a tout prévu par sa déclaration conjointe du 7 novembre. C'est une ligne sans valeur, car sans portée normative, qui ne remettrait pas en cause la dictature de la rentabilité financière. Quant à une autorité de régulation indépendante, elle serait indépendante de qui ? Indépendante de quoi ? C'est la réponse bien insuffisante au refus d'une prise de responsabilité pleine et entière de l'État.

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