Découvrez vos députés de la 14ème législature !

Intervention de Jacques Desallangre

Réunion du 12 novembre 2008 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2009 — Économie accords monétaires internationaux

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJacques Desallangre :

Je pose cette question au nom de M. Muzeau. En mai dernier, devant la Confédération européenne des syndicats réunie à Séville, le gouverneur de la BCE, Jean-Claude Trichet, s'était prononcé en faveur d'un gel de la progression des salaires dans la zone euro, « de façon à ne pas faire peser sur l'économie européenne le risque d'une aggravation de l'inflation ».

Cette déclaration choquante n'a suscité aucune réaction du gouvernement français. Le gouverneur de la Banque centrale outrepassait pourtant son mandat, puisqu'il n'est pas dans ses prérogatives de se prononcer sur le niveau souhaitable de redistribution des richesses. Il faisait, à cette occasion, la démonstration du dogmatisme des orientations de la BCE.

La politique dite de modération salariale, soutenue par la BCE et reconduite, année après année, dans les États membres, a conduit de fait, selon une étude du FMI, à une chute de dix points en vingt ans de la part de la richesse européenne revenant au travail.

Depuis, le contexte économique a profondément changé. Nous assistons, avec le recul du prix des matières premières, à un résorption rapide de l'inflation. De 3,2 % en octobre, et après un pic de 4 % cet été, le taux annuel pourrait retomber sous les 2,5 % à la fin de l'année.

La question qui se pose est de savoir si cette baisse de l'inflation et la nécessité d'engager une véritable politique de relance économique ne doivent pas inviter le Gouvernement à se pencher enfin sérieusement sur la question du relèvement des salaires et du rattrapage du pouvoir d'achat de nos concitoyens.

Dans la période difficile qui a commencé, il importe de se doter de réels moyens de relance économique. Le relèvement du SMIC, l'organisation d'une conférence nationale sur les salaires, l'élaboration d'un plan de relèvement de 25 % des minima sociaux sur cinq ans sont de ceux-là.

Notre question est donc la suivante, et elle est double.

Le Gouvernement entend-il assortir les mesures et dépenses fiscales qu'il préconise en matière d'aide aux entreprises de contreparties en matière de création d'emplois stables et correctement rémunérés, sachant en particulier que les personnes travaillant à temps partiel sont aujourd'hui les plus directement menacées par les conséquences de la crise ?

Le Gouvernement entend-il, ensuite, se rapprocher de ses partenaires européens pour engager une réforme en profondeur du mode de fonctionnement de la BCE, et mettre fin à la politique de concurrence fiscale et de dumping social, dont les effets sont économiquement désastreux ?

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion