Le moment est pourtant venu de conforter plusieurs secteurs en situation critique, notamment l'industrie automobile et ses sous-traitants. Or votre budget ne dit rien de ces filières en difficulté, et l'audition du PDG de Renault, Carlos Ghosn, organisée par la commission des affaires économiques, n'est guère de nature à nous rassurer sur l'avenir d'une industrie pourtant stratégique pour l'emploi.
Vous ne donnez pas plus d'indications quant à une relance de la filière du BTP et de l'immobilier, pourtant durement touchée. Bien au contraire, Mme Boutin annonce une réduction de la construction de logements aidés par l'État dans le budget pour 2009.
Je n'insisterai pas sur la faiblesse des aides visant à développer l'action à l'exportation des PME-PMI, mon collègue Jean-Paul Bacquet en ayant fort bien parlé.
Il y aurait également beaucoup à dire sur l'absence totale de référence à l'économie sociale et solidaire, pourtant en plein essor, qu'il s'agisse des services à la personne, des services aux entreprises ou des technologies avancées. La semaine dernière, à Grenoble, j'ai ainsi inauguré une start-up médicale organisée en SCOP et bénéficiant de fonds mutualisés issus de la filière coopérative, moins volatils que les fonds spéculatifs.
Vous ne formulez pas non plus de propositions sur le développement de la filière environnementale, alors que la France est très en retard dans ce domaine, pourtant si propice au développement économique et aux créations d'emplois.
Mais il n'est pas trop tard pour infléchir une politique économique qui, faute de volontarisme ou par idéologie, ne tire pas les conséquences de ses diagnostics. Vous accordez des réductions d'impôt aux plus fortunés – par le bouclier fiscal – et un crédit d'impôt recherche sans conditions aux grands groupes industriels ; vous aidez les PMI-PME de façon isolée et parcellaire. Au total, vous ne proclamez aucune stratégie industrielle claire, volontariste et innovante, parce que vous êtes foncièrement persuadés que, malgré la crise profonde que nous traversons, le marché finira bien par s'autoréguler.
Alors que de nombreux pays se sont désormais dotés d'un plan de relance beaucoup plus déterminé pour favoriser l'emploi, la protection des filières en difficulté et le contrôle des crédits, notre groupe regrette que vous ne vous inspiriez pas plus de leur pragmatisme économique, au service du développement et de l'emploi. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)