Madame la députée, il convient tout d'abord de rappeler que le marché du gaz naturel s'est ouvert à la concurrence en application de directives européennes que la France a soutenues. Le dispositif européen prévoit effectivement une séparation juridique entre la gestion du réseau de distribution, qui reste en monopole local, et l'activité de fourniture de gaz naturel, qui est en concurrence.
Cette séparation doit garantir une concurrence loyale entre les fournisseurs historiques intégrés et les nouveaux opérateurs. Elle s'applique aux entreprises intégrées qui raccordent plus de 100 000 clients, seuil en deçà duquel la contrainte de séparation serait trop lourde à mettre en oeuvre.
Ce principe de séparation juridique ainsi que le seuil de 100 000 clients sont réaffirmés dans la proposition de nouvelle directive du marché intérieur du gaz naturel que le Parlement européen vient d'adopter.
Par ailleurs, et indépendamment de cette question de séparation juridique, les tarifs réglementés du gaz naturel doivent refléter les coûts du service rendu. Cela implique également de respecter un principe d'adéquation entre coûts fixes et recettes fixes, coûts variables et recettes variables.
Cette exigence, scrupuleusement mise en oeuvre par Gaz de Bordeaux en octobre 2008, conduit à un nécessaire rééquilibrage entre le niveau de l'abonnement, d'une part, et la part proportionnelle de la grille tarifaire, c'est-à-dire la molécule de gaz, d'autre part.
Le rééquilibrage est délicat à gérer, vous l'avez rappelé. GDF-Suez l'a progressivement engagé depuis janvier 2008, en augmentant le niveau des abonnements pour mieux refléter les coûts fixes du réseau. D'autres fournisseurs historiques locaux font ou feront de même.
Gaz de Bordeaux a choisi une approche plus immédiate, qui n'a pas été comprise de ses clients. C'est pourquoi, en avril dernier, à la demande de l'entreprise et en accord avec le régulateur, le ministre d'État, Jean-Louis Borloo, a accepté, avec Christine Lagarde, ministre de l'économie, de l'industrie et de l'emploi, que la structure de la grille tarifaire revienne à la situation de septembre 2008.
Cela n'est pas pleinement satisfaisant et un rééquilibrage sera nécessaire. Le Gouvernement y travaille avec Gaz de Bordeaux.