Avec ce seul aménagement, vous n'ouvrez toujours pas le débat sur le fond à donner à cette solidarité ni sur l'expression qu'elle devrait revêtir.
Or la solidarité à apporter aux personnes âgées et handicapées est un phénomène de société qui, comme on l'a dit, va aller grandissant. Et vous ne pourrez pas vous contenter d'actions symboliques comme celles d'une journée travaillée, ni du prétexte de la canicule de 2003. La solidarité à l'égard des personnes âgées et handicapées et son financement engage sur le fond la responsabilité de l'État. Elle mérite une démarche ambitieuse et une approche volontariste, car nous sommes à un tournant dans l'accompagnement du handicap et de la dépendance.
En la matière, vous auriez dû et pu prendre les devants et afficher votre volonté en faveur de ces personnes. Pour 2008, vous auriez dû et pu, tout simplement, prendre les 2 milliards nécessaires sur le paquet fiscal et ses 15 milliards d'euros offerts aux plus fortunés. En ne le faisant pas, vous décidez une nouvelle fois de faire porter la solidarité nationale uniquement par les 42 % de travailleurs salariés, déjà mis à mal par un pouvoir d'achat en baisse, et qui ne sont d'ailleurs pas les derniers à participer à des actions de solidarité.
Une nouvelle fois, vous vous trompez de cible et vous maintenez cette injustice en puisant dans une seule poche. La proposition est en fait un impôt déguisé et réservé aux seuls salariés. Ce faisant, vous réinventez même le travail non rémunéré. Vous maintenez l'inégalité en ne demandant pas le même effort à tous, alors que nous sommes tous concernés par le risque de dépendance. Les personnes âgées et handicapées ne relèvent pas de l'ordre du symbole ni de la solidarité partielle. L'effort que l'on doit faire pour elles doit être demandé à l'ensemble des Français.
Or vous restez dans une logique catégorielle, et non universelle, ce qui contrevient au principe de solidarité nationale. Il serait plus pertinent de créer une ressource sur tous les revenus, sans omettre les revenus des placements et du patrimoine. Cet effort serait encore plus juste s'il était réparti en fonction des possibilités contributives de chacun.
Au lieu de culpabiliser une seule partie des Français, il conviendrait de se poser les bonnes questions face à cette situation difficile de la dépendance et du handicap, situation aggravée par le manque de médecins, d'infirmiers et autres personnels soignants, par la mise à mal des hôpitaux de proximité, par le gel de certains crédits de santé.
Si les Français tiennent au lundi de Pentecôte comme jour férié, et s'il devient maintenant possible de fractionner la réalisation de la journée de solidarité – ce qui montre, s'il en était besoin, le cafouillage et la non-concertation initiale –, en revanche, vous ne faites toujours aucune avancée majeure sur le problème de fond. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche.)