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Intervention de Jean-Pierre Door

Réunion du 23 juillet 2007 à 15h00
Libertés et responsabilités des universités — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Pierre Door :

Madame la ministre, je tiens en premier lieu à vous remercier d'avoir conduit de main de maître ce projet de loi tant attendu. Vous avez su être à l'écoute des partenaires, tels la CPU et les syndicats d'étudiants et d'enseignants, ce qui a contribué à sa grande clarté. Je remercie également notre rapporteur pour son excellent rapport.

Nous sommes satisfaits de constater avec quelle célérité et quel courage la majorité aura réussi, en deux ans, à réformer la recherche puis dans la foulée l'université. Car nous sommes conscients, les uns et les autres, que les universités et la recherche sont indissociables alors que le clivage actuel est l'une des causes de l'effritement de la France sur la scène internationale. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle ont été créés les PRES, comme vient de le rappeler Claude Birraux.

Déjà, dans un rapport sur la recherche que nous avions réalisé il y a un peu plus d'un an, le constat était morose. Oui, les universités sont toujours aussi mal cotées. Le dernier classement international qui, du reste, tombe à pic, nous rappelle que la France ne brille pas sur la scène internationale. Ce constat est d'autant plus alarmant qu'il intervient dans un contexte mondial de concurrence intellectuelle et scientifique de plus en plus exacerbé.

Étant d'une génération qui avait connu d'excellents résultats internationaux dans le domaine de la médecine et des sciences de la vie, cela me gêne de constater que la France ne figure même plus parmi les cent premiers pour la médecine, sauf Paris VI Pierre-et-Marie-Curie qui est à la soixante et onzième place pour les sciences de la vie.

Légitime ou pas ? À défaut peut-être d'offrir une photographie exacte de la réalité, ce classement, qui a été publié dans la presse il y a quelques semaines, agit comme un révélateur. Nous devons nous accorder sur le fait que notre avance en termes de qualité de nos universités et de leur succès a fondu comme neige au soleil depuis des décennies et qu'il nous faut engager une réforme. Celle-ci n'est ni de droite ni de gauche, mais en faveur de la réussite de l'université française.

Le professeur Beaulieu rappelait que François 1er souhaitant réformer l'Université mais redoutant d'affronter la Sorbonne, avait finalement décidé de créer le Collège de France. De la même manière, craignant de se heurter à la résistance des professeurs, la iiie République avait décidé de créer le CNRS. Cette initiative fut le prélude à la création d'autres organismes tels le CEA, l'INRA ou l'INSERM qui sont devenus le fer de lance du renouveau de la science française.

Si le pari est réussi, l'influence et le poids relatif de ces organismes dans le dispositif national scientifique par rapport à l'université est une singularité de notre pays. Les dispositifs anglo-saxons reposent, nous le savons, sur une architecture totalement différente, qu'il serait parfois utile d'observer.

Si l'on peut tirer quelques enseignements de notre faiblesse, il faut rappeler que les universités françaises n'ont pas une taille suffisante pour s'affirmer sur la scène internationale. On en compte quatre-vingt-cinq pour la seule métropole ; c'est assurément beaucoup, sinon trop. Et moins que la qualité de l'enseignement supérieur, c'est l'organisation du dispositif qui le pénalise.

Témoin du manque de visibilité des universités françaises depuis l'étranger : leur manque d'attractivité. Le professeur Beaulieu concluait cruellement un rapport en ces mots : aucun étudiant étranger n'est attiré par les universités françaises, ils préfèrent Oxford, Cambridge, Heidelberg, ou les universités américaines.

Oui, madame la ministre, nos structures universitaires sont inadaptées. Elles doivent accueillir tous les bacheliers qui le souhaitent alors qu'elles disposent de crédits plus faibles que ceux consacrés aux collégiens ou aux lycéens.

Diverses auditions ont pu aussi et surtout confirmer que l'université est avant tout victime d'une certaine sclérose administrative. Vous êtes un bon médecin, les symptômes sont définis : absence de budget global, structures de direction ne favorisant pas la mise en oeuvre d'une véritable politique d'établissement, système d'évaluation du personnel perfectible, statuts d'enseignants trop rigides, règles de gestion administrative tatillonnes et inadaptées à la nécessaire réactivité. Tout cela prive à l'évidence l'université d'une réelle autonomie de gestion et surtout d'un outil stratégique de développement.

Si certaines structures plus ou moins liées à l'Université, comme le Collège de France ou l'Institut universitaire de France, constituent des trouées d'azur bienvenues dans un ciel maussade et permettent à l'Université d'honorer les plus méritants de ses talents en leur offrant des conditions de travail meilleures, celles-ci sont réservées à une élite. Mais au moins ont-elles le mérite d'indiquer la marche à suivre, celle que vous engagez avec ce projet de loi. C'est tout cela qu'il faut revoir avec la nouvelle gouvernance.

Madame la ministre, vous avez fait le choix de corriger ces défauts. Votre projet de loi est une boîte à outils utile, nécessaire et indispensable pour rénover les universités françaises. Son adoption ne marquera pas la fin, mais le début d'un processus de modernisation, déclaraient il y a peu de temps des universitaires de Paris-Sorbonne.

Vous avez le mérite de réformer ce que d'autres n'ont pas pu ou voulu faire et de répondre ainsi à l'engagement fort du Président de la République. Nous soutiendrons donc votre texte avec enthousiasme. (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)

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