Madame la ministre, vous nous proposez de débattre d'un projet de loi sur la gouvernance et l'autonomie des universités. Beaucoup a déjà été dit sur le fait que les objectifs de ce texte sont bien éloignés du débat que chacun ici attendait pour améliorer dans son ensemble la situation de l'enseignement supérieur, lutter contre l'échec, en particulier dans le premier cycle, sur les moyens publics à mobiliser et la nécessité d'une loi de programmation budgétaire.
Vous avez donc choisi de commencer par la gouvernance, comme « première pierre de la cathédrale » à bâtir, selon l'expression maintenant consacrée. Mais pourquoi alors ne l'avoir pas intitulé « projet de loi relatif à la gouvernance des universités » ? Avouez, madame la ministre, que son contenu relève uniquement de cela – vous l'avez vous-même reconnu en commission. Cela aurait été plus simple, et surtout, cela aurait porté à moins d'interprétations sur ce qui a motivé, au fil des discussions, les évolutions du titre, de l'« organisation de la nouvelle université » dans votre premier projet à « libertés et responsabilités des universités », titre actuel.
Et nous sommes bien obligés de faire de telles supputations puisque, si vous nous montrez bien la première pierre, rien n'est dit de la vision de l'édifice auquel vous voulez aboutir. Comprenez-nous : nous aurions du mal à faire confiance à un architecte qui disserterait sur la qualité du premier pan de mur sans rien nous dire de la forme de l'édifice qu'il veut bâtir, laissant cela à des chantiers confiés à la concertation de différents corps de métiers, dans l'attente d'ajustements ultérieurs.