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Intervention de Françoise Guégot

Réunion du 23 juillet 2007 à 15h00
Libertés et responsabilités des universités — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançoise Guégot :

Madame la présidente, madame la ministre, mes chers collègues, c'est pour moi un honneur d'intervenir aujourd'hui en tant qu'oratrice du groupe UMP dans la discussion générale sur le projet de loi relatif aux libertés et responsabilités des universités.

Je tenais, madame la ministre, à vous remercier pour le travail que vous avez effectué en entreprenant cette grande réforme destinée à rendre une place de premier ordre à nos universités. Il s'agit d'une première étape. D'autres chantiers suivront tout aussi importants !

Longtemps annoncée, toujours repoussée, la réforme des universités répond à une véritable urgence. Oui, il y a urgence ! Nous ne pouvons plus nous résoudre à une situation qui n'a que trop duré. À mon tour, je reviens sur quelques constats. Comment accepter que 90 000 jeunes sortent chaque année de nos universités sans aucun diplôme ? Comment accepter que la moitié de ceux qui obtiennent une qualification après quatre ans de formation n'aient toujours pas d'emploi un an après ? Comment accepter que deux étudiants sur trois atterrissent à l'université par défaut alors qu'ils préféreraient être ailleurs ? Comment accepter enfin un taux d'encadrement par étudiant qui nous place à la dix-huitième place sur vingt-trois au sein de l'OCDE ? Nos étudiants, mal orientés et mal encadrés, sont trop nombreux à échouer et, même diplômés, ils restent insuffisamment insérés dans la vie professionnelle. Pourtant, nos universités ont des enseignants-chercheurs de grande qualité, des laboratoires de renom international et les étudiants ne demandent qu'à réussir !

Alors pourquoi notre système fonctionne-t-il mal ? Il fonctionne mal parce que, depuis vingt ans, ses règles n'ont pas changé ! En parallèle, des écoles se sont créées, des formations qualifiantes construites sur un projet clair, et disposant souvent de moyens bien supérieurs à nos universités. Ces structures ont bénéficié de la souplesse, elles ont eu la liberté de s'organiser, de recruter, de s'adapter. Voilà ce dont notre université a besoin !

Cette réforme répond au besoin de rénover la gouvernance, à la nécessité de libérer les énergies. Elle va surtout permettre d'affecter les moyens là où ils sont indispensables puisqu'elle s'accompagnera d'un effort considérable – plus de 5 milliards d'euros supplémentaires d'ici à 2012, ce qui correspond à un accroissement de 50 % du budget global.

Au-delà de la modification de la gouvernance, la réforme va surtout assigner à l'université une mission essentielle : l'insertion professionnelle. En définitive, qu'attendent de nous nos concitoyens ? Quelle est véritablement la mission première de notre système d'enseignement supérieur ? À mon avis, elle repose sur trois piliers fondamentaux.

Premièrement, l'université doit aider les jeunes à choisir leur formation en fonction de leurs attentes, de leurs qualités personnelles et, bien sûr, de leurs capacités. Il s'agit non pas de contraindre, mais d'accompagner. C'est une grande mission que celle de l'orientation ! On doit être capable de dire à un jeune : « Cette formation, tu peux la faire, mais tu auras peu de chances de réussir parce qu'elle offre très peu de débouchés ou alors il faudra que tu sois le meilleur ! » On doit être capable de dire à un jeune : « Si tu suis cette formation, avec le bac que tu as eu, tu as une chance sur 200 d'arriver en troisième année ! » Voilà la première mission de l'université, voilà ce que propose ce texte !

Deuxièmement, l'université doit dispenser un enseignement de qualité. Cela veut dire qu'il doit s'adapter ! S'adapter au public, au temps, aux besoins ! Pourquoi le système des écoles, des STS ou des IUT fonctionne-t-il mieux ?

Tout d'abord, le nombre d'heures enseignées est beaucoup plus important. Certains enseignements sont renforcés, comme la pratique des langues, les technologies de l'information ou les épreuves rédactionnelles permettant à tout un chacun de progresser à l'écrit ! Comment accepter, par exemple, que, dans certaines filières, un étudiant en première année ait une heure d'anglais par semaine, soit moins de quarante heures sur toute une année ?

Ensuite, la qualité de la formation doit être la même pour tous, dans toutes les filières, sur tout notre territoire, pour tous les étudiants ! Il faut donc qu'elle bénéficie de différents profils d'enseignants : les enseignants-chercheurs, d'une part, qui offrent la garantie d'une vision innovante puisqu'ils se consacrent en alternance à leur métier de chercheur et à celui d'enseignant, et des professionnels qui viennent apporter, et faire partager, une expérience de terrain du monde du travail. C'est aussi de cette souplesse de recrutement que notre université a besoin. C'est aussi ce que propose ce texte !

Troisièmement, enfin, l'université doit être ouverte mais exigeante. Elle doit pour cela s'ouvrir sur les entreprises, pouvoir créer facilement des filières de formation adaptées aux besoins de son bassin d'emploi, rapprocher aussi la société civile et le monde économique pour valoriser sa recherche.

Plus de la moitié de la recherche française se fait à l'université. Il faut la stimuler, l'accompagner et l'évaluer. Elle doit être un moteur pour valoriser des filières professionnelles et pour réussir le rapprochement de nos laboratoires avec le monde de l'entreprise. C'est un gage de la bonne adéquation de nos formations avec les besoins d'emploi. Grâce à la possibilité de créer des fondations, notre université aura les moyens de cet enjeu considérable.

Oui, cette réforme est vraiment une chance ! Avant tout pour les jeunes puisqu'elle fera de notre université celle que l'on choisit, où l'on est heureux d'apprendre, celle qui rétablit l'égalité des chances. Ce soir, devant vous, je pense surtout à eux ! C'est pour moi une grande fierté que de monter pour la première fois à cette tribune pour défendre un texte dont l'enjeu majeur est l'avenir de nos enfants.

Pendant plus de quinze ans, j'ai fait ce merveilleux métier d'enseignant-chercheur ! Je sais combien il est fondamental d'offrir la réussite ! Quel gâchis et quelle responsabilité de voir un de vos étudiants quitter une filière au bout de deux, trois, voire quatre ans d'études, sans aucune perspective ! Quel bonheur, à l'inverse, de recroiser celui ou celle qui a construit sa vie, et que vous avez pu quelque temps accompagner !

Enfin, ne savons-nous pas tous, combien la route à tracer pour nos propres enfants, est parfois difficile ? Qu'y a-t-il finalement de plus important que d'offrir aux jeunes les moyens de réussir, de leur garantir un avenir ?

Ce projet de loi s'intitule « Libertés et responsabilités des universités ». Oui, la liberté s'accompagne de responsabilité. Cette liberté, qui va offrir souplesse, réactivité et ouverture, nous oblige tous ensemble à être les garants d'un système de formation qui placera l'université française en bonne position pour participer à la bataille mondiale de l'intelligence !

L'université doit gagner le triple pari d'être à la fois le coeur de la formation et de l'insertion professionnelle et l'acteur majeur de notre recherche. Mais, surtout et avant tout, l'université doit replacer l'étudiant au centre de son projet.

Pour conclure, vous me permettrez, mes chers collègues, de rappeler, au nom du groupe que je représente, que cette réforme traduit la volonté de notre Président de la République de tenir ses engagements. (Murmures sur les bancs du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche.) Nous sommes au coeur du chantier de l'égalité des chances. Notre Premier ministre a parlé, quant à lui, de priorité absolue. Je le cite : « Nous allons rebâtir l'université française en conduisant un jeune sur deux vers un diplôme de l'enseignement supérieur et faire de nos universités des pôles d'excellence. » Madame la ministre, vous avez tout notre soutien et nous serons à vos côtés pour réussir cette grande réforme. (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)

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