C'est la porte ouverte à une inégalité croissante entre établissements, avec l'aval d'un État qui se désinvestit d'une de ses missions fondamentales. Tout cela ressemble à la décentralisation : on transfère des compétences tout en économisant des moyens. Confier aux universités propriété et gestion du patrimoine, droit local de créer des formations nouvelles et d'en fixer les contenus permettra à l'État de se désengager.
Dès lors, il ne faudra pas s'étonner que la recherche de fonds devienne une priorité pour les universités, que des formations soient otages des exigences à court terme de partenaires économiques, que des formations sans application immédiate et rentable viennent à disparaître, que les orientations de recherche n'obéissent plus à des choix scientifiques. Cela méritait un débat articulé, contradictoire, public devant l'ensemble du pays. Je ne crois pas que ces choix-là soient ceux de nos concitoyens.
Le financement de l'enseignement supérieur ne peut relever du bon vouloir des entreprises.
Annoncer 1 milliard supplémentaire par an et demander dans le même élan d'attendre septembre 2008 est pour le moins un mauvais départ.
En fait, votre texte apparaît comme un règlement de compte avec l'ouverture de nos universités au plus grand nombre, le fonctionnement démocratique des établissements, le respect des franchises universitaires et des statuts issus des conquêtes de Mai-68 et des conquêtes sociales (Exclamations sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire), dont vous semblez, à l'instar du Président de la République, vouloir purement et simplement tuer l'héritage.