Madame la présidente, madame la ministre, mes chers collègues, la fin des années quatre-vingt et le début des années quatre-vingt-dix ont vu notre enseignement supérieur traversé par deux révolutions majeures : la massification et la mondialisation.
Depuis lors, nous avons, les uns et les autres, multiplié les rapports, les colloques et autres livres blancs qui ont tous fini dans des placards dont nous avons probablement perdu les clefs. Il ne nous aura manqué, aux uns comme aux autres, que le courage d'agir. Ce courage, le Président de la République le porte aujourd'hui.
Je suis convaincu que, sur l'ensemble des bancs de cet hémicycle, à droite comme à gauche, nous dressons un constat partagé sur l'enseignement supérieur français. Il suffit, pour s'en convaincre, de relire l'excellent rapport de Michel Bouvard et Alain Claeys, adopté, je le rappelle, à l'unanimité.
Notre objectif commun, c'est le pari de l'intelligence. Parier sur un pays qui, s'il veut rester mondialement compétitif, doit élever progressivement son niveau de compétence et de qualification, bref parier sur la progression du nombre de diplômés et l'augmentation de nos capacités de recherche, tel a été l'engagement du candidat Nicolas Sarkozy. En voici aujourd'hui une première concrétisation.
Aucun autre texte n'est aussi directement lié à la double ambition que porte le Président de la République : faire de l'égalité des chances, dont l'école et l'université sont des moteurs naturels, un levier de réussite, afin que notre jeunesse ne doute plus d'elle-même ni de son pays, et donner à la France les moyens de maîtriser la mondialisation, en faisant de ses universités des centres d'excellence où l'on crée des connaissances et où l'on sait les diffuser et les valoriser.
Rebâtir l'université française, c'est se donner des armes pour éloigner définitivement le spectre du chômage et pour peser sur le bouleversement de la hiérarchie économique du monde. Car la France ne pourra retrouver sa place dans le monde qu'en offrant une formation et un emploi adaptés à tous ses jeunes et qu'en appuyant sa croissance économique sur un nombre suffisant d'innovations.
C'est pourquoi il faut réformer l'université française : c'est une question de survie, qui doit être traitée de façon stratégique. Et cette tâche est d'autant plus urgente que le monde va vite et que nos universités sont, à l'heure actuelle, les plus mal préparées pour affronter les règles du jeu de la mondialisation et de la nouvelle économie.
Le constat sur la crise des moyens de l'université est connu. Nous avons fait le choix de dépenser beaucoup dans le secondaire et de délaisser par conséquent nos universités. Mme la ministre vient de le rappeler : la France consacre 6 700 euros de financement public par étudiant, contre 10 700 euros par lycéen.
Certes, tel ou tel ne manquera pas de nous faire observer qu'il eût fallu un collectif budgétaire pour donner immédiatement à l'université les moyens de se réformer. (« Évidemment ! » sur les bancs du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche.)