La réussite de nos étudiants doit être notre première obligation. La lutte contre l'échec, notre unique motivation.
Tout notre programme de réformes, tout notre projet de loi concourent à la réalisation de ces objectifs.
Réussir ses études, s'épanouir à l'université, c'est faire avancer l'université tout entière, c'est lui rendre sa fierté, redonner sens à ses missions.
Alors, oui, en cinquante ans, nos élèves ont beaucoup changé ! Et les universités d'aujourd'hui doivent se donner les moyens de s'adapter à des publics plus hétérogènes, scolairement moins solides et moins autonomes.
Disons-le honnêtement, le libre accès à l'université n'offre qu'une égalité de façade pour un certain nombre de jeunes qui sont durement sélectionnés par l'échec, parfois au bout de quelques mois seulement !
Devant cette somme insupportable de rêves brisés, qui pèse lourdement sur le moral de la communauté universitaire, il y a, c'est vrai, une solution qui, à première vue, paraît assez simple : écarter les bacheliers les plus fragiles, « sélectionner ». Mot magique pour certains, mot tabou pour d'autres ; en tout cas, pour moi, il n'a pas sa place à l'entrée de l'université.
Le Gouvernement n'a pas fait le choix de la sélection, je voudrais m'en expliquer un instant devant la représentation nationale.
Nous n'avons pas fait le choix de la sélection d'abord par fidélité à nos valeurs ! Renoncer aux étudiants dans leur diversité, c'est renoncer à une part de notre ambition républicaine. L'université est aujourd'hui le principal ascenseur social de ce pays. Je n'ai pas l'intention d'en faire descendre les plus fragiles, ceux à qui l'on n'aurait pas su donner le temps de la réussite ni les moyens pour la conquérir.
La France a besoin d'une élite qui lui ressemble. Eh bien, qui mieux que l'université peut aujourd'hui répondre à cette exigence ? Et si elle ne le fait pas, qui le fera ?
La France de la diversité, mesdames, messieurs les députés, c'est la France de l'université. Soyons fiers de cela et sachons préserver cette richesse !
Mais si nous n'avons pas fait le choix de la sélection, c'est aussi par réalisme. Sélectionner à l'entrée de l'université, ce serait aggraver notre retard sur les objectifs européens de Lisbonne d'atteindre 50 % d'une classe d'âge diplômée de l'enseignement supérieur d'ici à 2010. Nous en sommes bien loin. C'est pourtant une nécessité économique et sociale pour tous les pays développés.
Nous n'avons pas trop d'étudiants. Nous n'en avons pas assez.