Afin d'ajuster les compétences de la commission des affaires sociales, vous proposez qu'elle soit désormais compétente pour ce qui relève de « l'insertion et l'égalité des chances ».
La notion d'égalité des chances ne nous convient pas, pour une raison de fond. Elle ne figure en effet dans aucun texte fondateur du pacte républicain, à la différence de celle d'égalité des droits.
Remplacer la seconde par la première relève d'un tour de passe-passe idéologique inacceptable. De fait, le discours sur l'égalité des chances, qui se substitue à celui de l'égalité tout court, vise à faire reposer sur l'individu la responsabilité de ses succès, mais surtout de ses échecs. Votre but est de faire croire à nos concitoyens qu'un enfant de banquier a les mêmes chances qu'un enfant d'ouvrier, qui n'a donc qu'à s'en prendre à lui-même s'il échoue à emprunter l'ascenseur social que vous avez vous-même contribué à mettre en panne. La diversification des seules élites sert précisément, comme l'ont souligné de nombreux sociologues, à accréditer cette illusion.
La notion d'égalité des chances est en réalité une trahison de celle d'égalité des droits, qui seule a valeur constitutionnelle. C'est pourquoi nous tenons à voir inscrit dans notre règlement la notion d'égalité des droits en lieu et place de votre « égalité des chances » d'inspiration résolument libérale : je ne doute pas que M. Poisson soutiendra cet amendement…