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Intervention de Axel Poniatowski

Réunion du 11 décembre 2007 à 15h00
Débat préalable au conseil européen

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAxel Poniatowski, président de la commission des affaires étrangères :

Monsieur le Président, monsieur le ministre, monsieur le secrétaire d'État, mes chers collègues, l'Europe a cette semaine trois rendez-vous majeurs. Demain, à Strasbourg, la Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne sera proclamée au Parlement européen. Jeudi, à Lisbonne, aura lieu la signature du traité modificatif – la commission des affaires étrangères vient d'en publier la version consolidée. Enfin vendredi, à Bruxelles, se tiendra la réunion du Conseil européen qui devrait annoncer la création, comme l'a proposé le Président de la République, Nicolas Sarkozy, d'un groupe des sages, chargé d'une réflexion sur l'Europe des vingt prochaines années.

Les bouleversements géopolitiques de ces dernières années et les nouvelles exigences nées de la mondialisation nous imposent en effet de réfléchir aux nouvelles priorités de la construction européenne : j'en vois trois.

La première, c'est de clarifier la situation sur l'élargissement. Après la Croatie, qui devrait adhérer à l'Union dans un avenir proche, il nous faudra faire une pause dans les élargissements. Je ne suis pas opposé aux élargissements par principe, mais j'estime que nous devons d'abord nous mettre d'accord sur une vision commune de l'Europe, car nous ne ferons pas indéfiniment le grand écart entre l'Europe-marché et l'Europe-puissance. Je crois que nous ne pouvons plus esquiver le débat sur les frontières de l'Europe.

Les projets d'avenir à forte valeur ajoutée concernent tous les Européens et constituent une deuxième priorité. Je citerai des initiatives dans les secteurs de la recherche et de l'innovation, comme ITER ou Galileo, que l'Europe a accepté de financer en ayant recours à des fonds non utilisés dans le cadre de la politique agricole commune. Je veux saluer cette démarche véritablement européenne car elle fait primer l'intérêt général européen de long terme sur les intérêts nationaux de court terme. Avec Galileo, les Européens se donnent les moyens de leur autonomie et de leur souveraineté.

Mais il faut également que les pays qui souhaitent aller de l'avant puissent progresser ensemble sur des sujets stratégiques dans le cadre de coopérations renforcées. Et les domaines de coopération ne manquent pas : je pense à l'effort de recherche et développement s'agissant des énergies renouvelables, ou encore à des programmes industriels dans le domaine spatial, mais aussi à la défense européenne, car c'est dès aujourd'hui qu'il nous faut concevoir nos systèmes de défense futurs. Or l'Europe de la défense ne peut reposer que sur une alliance franco-britannique, en liaison, bien sûr, avec nos partenaires allemands, polonais, italiens et espagnols. Puisse le dixième anniversaire de la déclaration de Saint-Malo être l'occasion de donner une nouvelle impulsion à la politique européenne de défense. Il faut jeter les bases d'un « Saint-Malo II ».

La troisième priorité concerne la place de l'Europe dans le monde et notre crédibilité sur la scène internationale. L'Europe est attendue dans beaucoup de régions du monde : au Darfour, au Kosovo, en Méditerranée. La création par le traité de Lisbonne d'une présidence stable du Conseil européen et d'un Haut représentant pour les affaires étrangères et la politique de sécurité amènera l'Europe à s'exprimer d'une seule voix. Il est temps également que les Européens s'approprient les sujets planétaires que sont, par exemple, l'énergie et la gestion des flux migratoires, et qu'ils se portent à la pointe du combat mondial contre le réchauffement climatique.

Monsieur le ministre, messieurs les secrétaires d'État, mes chers collègues, dans six mois, la France exercera la présidence de l'Union européenne. Il nous appartiendra alors de donner les impulsions politiques à la mise en oeuvre de cette feuille de route. Elle est ambitieuse, mais elle est à la hauteur de notre responsabilité à l'égard des générations futures. (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire et du groupe Nouveau Centre.)

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