Monsieur le président, peut-être étiez-vous dans cet hémicycle quand, en octobre 2004, j'interrogeais le ministre de l'économie et des finances d'alors, qui s'appelait M. Sarkozy, sur des propos qu'il était censé avoir tenus à New York – vous allez tout de suite comprendre où je veux en venir, car cela a évidemment trait à nos travaux. Il devait en effet avoir déclaré, devant une assemblée d'étudiants et en présence de dizaines de journalistes français : « Je me sens étranger dans mon propre pays », cela en un temps où lui-même proclamait : « la France, on l'aime ou on la quitte. » L'ayant donc interrogé sur le point de savoir s'il avait vraiment tenu ces propos devant, je le répète, des dizaines de journalistes, imaginez que M. Sarkozy ne voulut point me répondre. Ce n'est qu'à la sixième interpellation que, lassé par mes questionnements qui s'enchaînaient, il finit par se lever du banc où vous êtes assise, madame Lagarde, pour me répondre. Ce fut fait, en prenant, certes, quelque liberté avec la vérité, mais il me répondit.
Madame la ministre de l'économie, des finances et de l'emploi, je vous propose d'abréger de même vos souffrances et donc de répondre à la question que je vous ai posée ce matin concernant votre lettre de mission. En effet, un tel acte adressé à un ministre et signé du Président de la République doit, selon l'article 19 de la Constitution, être contresignée, et non pas cosignée, par le Premier ministre. Qu'en est-il en l'occurrence ?