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Intervention de Jacques Myard

Réunion du 16 octobre 2007 à 21h30
Projet de loi de finances pour 2008 — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJacques Myard :

Madame, monsieur le ministre, il est exact que, dans ce débat, on a beaucoup entendu parler de déficit, à grands renforts de critères maastrichtiens : un déficit budgétaire et une dette publique n'excédant pas respectivement 3 % et 60 % du PIB. Il faut faire des économies, nul ne peut le nier et je salue les efforts que vous faites pour maîtriser la dépense publique. Il n'en demeure pas moins, monsieur le ministre du budget et des comptes publics, que la comptabilité n'est jamais qu'un arrêt sur image, ce n'est pas l'économie. Il faut donc se méfier des critères, quels qu'ils soient, et les remettre en perspective. Au demeurant, vous le savez, vous ne trouverez aucune théorie économique, aucun prof, aucun prix Nobel d'économie pour le faire. Si l'on arrive à l'équilibre, tant mieux, mais il n'y a pas de quoi se tirer une balle dans la tête dans le cas contraire ! (Sourires.)

S'il est louable d'essayer de stabiliser l'endettement, méfions-nous de ne pas passer d'un excès à l'autre ! Claude Bernard ne disait-il pas : « Tout est poison, rien n'est poison, tout est affaire de mesure » ?

En réalité, il faut s'interroger sur les causes structurelles de l'atonie de la croissance française. Pour ma part, j'en vois deux : la cherté de l'euro par rapport au dollar et au yen notamment, et la faiblesse des investissements. Je rappelle qu'il nous en a coûté un million de chômeurs pour entrer dans le système monétaire ficelé et cadenassé en référence au mark, et que l'euro nous fait perdre un point de croissance tous les ans. Ce n'est pas le cas de l'Allemagne, M. Steinbrück considérant que l'euro fort c'est merveilleux, ce pays faisant produire à bas prix des biens intermédiaires dans son hinterland avant de les valoriser et de les revendre, par exemple en Chine. Mais cela ne durera pas longtemps : la Chine va tailler, tôt ou tard, des croupières aux Allemands, qui tomberont de l'échelle.

En ce qui concerne le niveau de nos investissements, selon l'OCDE la formation brute de capital fixe pour les entreprises non résidentielles, c'est-à-dire les entreprises productives, a augmenté en 2003 de 1,3 %, en 2004 de 2,4 %, en 2005 de 3 % et en 2006 de 4,9 %. Mais cette augmentation reste très limitée, ces investissements ne représentant que 60 à 65 % des investissements allemands. Ces chiffres traduisent une réelle désindustrialisation de la France, ce qui commande la mise en oeuvre d'une politique industrielle nationale et européenne. À ce propos, je souhaite connaître les mesures que vous comptez prendre pour favoriser l'émergence d'une politique industrielle qui aille à l'encontre du dogme européen du tout-concurrence.

Mais, au-delà de la politique industrielle, il faut adapter notre fiscalité parce que, dans le cadre d'une monnaie unique, c'est la seule arme qui nous reste. À ce propos, je vous rappelle que le ratio entre les impôts courants sur la production et la valeur ajoutée des sociétés non financières a augmenté régulièrement ces dernières années : en 2003, il était de 7,6 %, en 2004 de 8,7 %, en 2005 de 9,4 % pour arriver en 2006 à 10,3 %. On voit que la formation brute de capital des entreprises est pénalisée. Il est donc indispensable de favoriser l'investissement, ce qui passe par une fiscalité incitative.

Je le répète, l'ISF est un impôt imbécile et anti-économique. Il faut le supprimer avec un moratoire fiscal pour récupérer le capital parti hors de nos frontières. Je vous rappelle en effet que ce sont 120 milliards qui sont sortis, alors qu'il n'en rapporte que 35. Gribouille n'aurait pas fait mieux ! Il est temps de s'affranchir du terrorisme intellectuel imposé par les attardés dignes du Musée Grévin qui siègent à gauche de cet hémicycle ! (Exclamations sur les bancs du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche)

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