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Intervention de Yves Deniaud

Réunion du 16 octobre 2007 à 21h30
Projet de loi de finances pour 2008 — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaYves Deniaud :

Cela nous a parfois valu de nous faire traiter de « keynésianistes attardés », mais toutes les théories les plus élaborées, parfois les plus fumeuses, n'enlèveront rien à cette réalité de bon sens : un pays a besoin de s'équiper pour soutenir l'activité et pour créer les outils du développement autres que la matière grise mais tout aussi indispensables. Je pense, bien sûr, aux infrastructures de transports – ferroviaire, routier, fluvial, aérien –, qui sont rangées par les investisseurs étrangers au nombre des éléments les plus positifs de l'attractivité française. Pour une fois que nous avons de l'avance, ne la perdons pas, d'autant que sa qualité première est, en interne, de favoriser l'activité de tous les secteurs de l'économie !

Quand les investissements civils de l'État passent, comme vous le prévoyez, de 12,4 à 13 milliards d'euros, l'augmentation est bien sûr significative, et nous ne pouvons que la saluer. Mais on peut – convenez-en, madame la ministre, monsieur le ministre – estimer que, rapporté aux 272 milliards de l'ensemble des crédits de paiement, l'effort de redressement mérite d'être poursuivi et amplifié. Nous serons vigilants sur la bonne utilisation de ces crédits, en vous implorant, une fois de plus, de ne pas céder à la facilité qui consiste à en faire la cible privilégiée des annulations de crédits, alors que ces dépenses sont le plus souvent liées à des contractualisations avec les collectivités locales ou l'Europe, notamment, et exercent un véritable effet de levier sur l'économie.

Je voudrais enfin insister sur la nécessité d'une réforme en profondeur de l'État, seul moyen d'en réduire le coût et de ramener nos finances à l'équilibre, mais aussi d'améliorer son efficacité au service des Français.

Je sais que le Gouvernement, sous l'impulsion du Président de la République, est profondément déterminé, mais je mesure aussi les résistances, les pesanteurs, les corporatismes, les conservatismes dont il faudra triompher. La révision générale des politiques publiques doit être un succès. Elle doit changer vraiment l'architecture chaque fois que c'est nécessaire et sans faiblesse, mais surtout les méthodes, les procédures et les mentalités.

Madame la ministre, je citais à l'un de vos prédécesseurs, qui présentait les stratégies ministérielles de réforme dans le même esprit que le vôtre, le propos que l'écrivain italien Lampedusa prêtait, dans Le Guépard, au prince Salina : « Il faut que tout bouge afin que rien ne change. » C'est le danger qui guette la révision générale des politiques publiques si le Gouvernement ne la mène pas avec une énergie inlassable et une constance absolue.

J'ajouterai que vous aurez besoin du Parlement, et que nous y sommes prêts. La revalorisation de notre rôle, surtout dans le domaine du contrôle, doit vous apporter tout le profit qu'on peut attendre d'un indispensable regard extérieur.

J'ai en mémoire le jugement très lucide d'un professeur de droit administratif selon lequel, "il n'y a pas de pire réforme que celle d'un corps par lui-même".

Les travaux que nous avons menés et que nous mènerons avec la Cour des comptes et avec les corps d'inspection ne peuvent que vous aider à prendre le recul nécessaire pour sortir de la pression du quotidien.

L'effort d'amincissement de l'État que vous accélérez cette année avec une réduction de 22 800 postes doit être poursuivi et amplifié. Nous sommes là pour vous y aider dans l'esprit défini par le Président de la République : un État plus mince certes, mais plus musclé, avec des fonctionnaires mieux payés et motivés, un État moins coûteux en soi mais surtout plus efficace.

Actuellement, la lourdeur générale entraîne des dysfonctionnements graves. Permettez-moi de citer deux exemples d'actualité.

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