Oui, en aggravant les causes de nos difficultés à ce rythme vous allez inévitablement en accentuer les effets pour une majorité de nos concitoyens. D'ailleurs, il faudra payer – et l'on pourrait dire que, pratiquement, tout est prêt – par une hausse de la TVA et de la CSG, la réduction des subventions aux collectivités locales, la curée dans la Fonction publique, la poursuite de la vente du patrimoine national, la pression sur le pouvoir d'achat, les franchises médicales, l'attaque contre toutes les retraites. Voilà la facture à payer.
Pourtant, votre cadeau de 15 milliards d'euros vous paraît si mesquin que vous en rajoutez déjà une nouvelle couche dans de nombreux articles du projet de loi de finances. Je ne parle pas du scandaleux article 6 qui faisait un cadeau tellement voyant aux détenteurs d'actions taxés à la plus haute tranche de l'impôt sur le revenu, que le rapporteur général lui-même s'en est offusqué. Que dire de cet autre cadeau prévu à l'article 9, le pacte d'actionnaires constituant une fleur de plus à ceux qui sont davantage préoccupés par le rendement de leurs actions que par l'intérêt général ?
Vous nous dites agir de la sorte pour que nous soyons compétitifs. Fort bien, mais compétitifs avec qui et en quoi ? Compétitifs avec la Chine, l'Inde ? Jusqu'où voulez-vous aligner les salaires, la protection sociale, les retraites ? Compétitifs avec les paradis fiscaux ? Mais alors ce ne sont pas 23 000 fonctionnaires qu'il faut supprimer, mais tous les fonctionnaires, car nous n'aurons plus de recettes fiscales. Pour être compétitifs, vous dévalorisez le travail, vous déréglementez son marché, vous le précarisez et vous le sous-payez, vous sabrez dans les dépenses sociales et publiques utiles, pour mieux valoriser les marchés financiers et soutenir profits et dividendes.
Or qu'est ce qui fait la richesse d'un pays ? Qui la crée ? Il n'y en a qu'une : ce sont les hommes et les femmes.