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Intervention de Yves Cochet

Réunion du 13 octobre 2008 à 16h00
Grenelle de l'environnement — Article 5

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaYves Cochet :

Si l'alinéa 5 de cet article retient en particulier mon attention, de façon liminaire et générale, je me référerai au discours tenu le 25 octobre 2007 par le Président Sarkozy, selon lequel, « l'enjeu majeur se situe dans les 30 millions de logements et bâtiments anciens – nous avons précédemment évoqué le bâtiment neuf, nous abordons maintenant le bâtiment ancien. Dans ces logements, poursuivait le chef de l'État, le budget des familles s'évapore par les fenêtres et par le toit. Nous allons doubler le nombre de bâtiments anciens rénovés chaque année et porter à 400 000 par an le nombre de logements anciens rénovés. Je veux que ce programme commence par les 800 000 logements HLM les plus dégradés. »

Nous pensons en effet indispensable que le présent texte comprenne une mesure très ambitieuse de rénovation des bâtiments anciens résidentiels et tertiaires. L'enjeu est en général méconnu : on préfère parler des normes des bâtiments à énergie positive ; cela fait « techno », moderne, mais il ne s'agit que de 1 % du bâti. La réalité, c'est que ce sont surtout les bâtiments anciens qui constituent des passoires et nécessitent un effort.

Par anciens, j'entends les bâtiments construits avant 1975, qui n'étaient soumis à aucune réglementation thermique, soit environ 17 millions de logements. Cette rénovation prendra trente ou quarante ans puisqu'elle doit être réalisée à l'horizon de 2050. Toutefois, si l'on souhaite diviser les émissions de gaz à effet de serre de ces logements par quatre, comme le dit le projet, qui s'en tient visiblement au rapport du GIEC de 2001, ou par douze, comme ce serait mon voeu car je me réfère, moi, au rapport du GIEC de 2007 – soyons résolument modernes, comme le demandait le poète… –, il faut combiner des mesures d'isolation et le recours aux énergies renouvelables. C'est techniquement possible mais se pose alors le problème des investissements à consentir, celui de la durée que l'on se consent et celui de la formation à dispenser aux artisans.

Reste que seule cette rénovation des bâtiments anciens pourrait permettre d'économiser 12 %, voire 15 % de l'énergie consommée en France et de réduire dans la même proportion environ les émissions de gaz à effet de serre, qui représentent en l'occurrence quasiment l'équivalent de celles produites par l'industrie et la moitié de celles générées par le parc automobile. Il s'agit donc d'un effort important.

Aussi, si l'on veut rénover ces quelque 20 millions de logements en quarante ans, il convient de le faire pour 400 000 par an. Il faut tenir compte, j'insiste, de problèmes de formation, d'investissements mais un plan de cette ambition permettrait, de surcroît, de créer 100 000 emplois locaux – autrement dit non délocalisables – pour quarante ans, dans l'artisanat du bâtiment, et de développer un savoir-faire dans les programmes d'isolation qui profiterait certainement par la suite à notre commerce extérieur. La France se grandirait donc par ce type d'initiative.

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