Le débat de fond est certes celui de l'organisation du monde du travail, mais ce dernier ne peut pas se structurer exclusivement autour de la valeur travail en oubliant la valeur humaine, à moins d'imaginer que nous puissions revenir des dizaines d'années en arrière, au temps où des femmes et des hommes n'avaient pour exister que leur force de travail, qu'ils vendaient parfois jusqu'à l'épuisement. Est-ce là la portée « historique » que vous revendiquez ? J'en doute.
Cette seconde partie du projet de loi, c'est aussi la généralisation et la déréglementation des conventions de forfait en heures comme en jours, et donc l'extension à l'ensemble des salariés de mesures qui avaient pour objectif, dans les lois Aubry, de correspondre spécifiquement aux cadres et à quelques professions soumises à des horaires particuliers. Ce choix conduit à développer le gré à gré et l'individualisation des durées du travail. Il offre souplesse et coudées franches à l'employeur tout en privant les salariés du pouvoir de prévision sur l'organisation de leur activité. Vous m'accorderez que l'action gouvernementale ainsi exposée conduit d'abord à fragiliser un peu plus les salariés dans une période où ils sont déjà largement les variables d'ajustement d'un système économique qui broie les plus faibles.