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Intervention de Jean-Marie Le Guen

Réunion du 2 mars 2009 à 21h30
Réforme de l'hôpital — Après l'article 14, amendement 396

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Marie Le Guen :

Mais, madame la ministre, le problème est simple : ou bien on pense une seule seconde que les problèmes de désertification et d'organisation du système de médecine ambulatoire vont se résoudre par une espèce de rosée qui va tomber sur nos territoires ; ou bien on pense que les pouvoirs publics doivent mettre en place une action volontaire pour organiser ce système.

Si votre attitude est d'attendre que les choses se fassent toutes seules, vous risquez d'attendre longtemps ! Les professionnels de santé soignent, soignent même beaucoup ; et ils ont autre chose à faire que de monter des réseaux, des structures alternatives, donc des dossiers administratifs. Sans volonté des pouvoirs publics d'aller vers eux et de les aider, sans volonté de construire ici des pôles de santé, là des centres de santé, en fournissant les financements nécessaires, eh bien, nous risquons d'attendre très longtemps !

Dans ce domaine, il est impossible de se contenter de répondre aux demandes venues du terrain : il faut aller au-devant des professionnels de santé pour solliciter plus de regroupements et de travail collectif.

Par ailleurs, il ne faudrait pas laisser croire – comme l'ont fait certains intervenants à l'instant – que cet argent va servir à financer, directement ou indirectement, les professionnels de santé ! S'il s'agit de financer les professionnels de santé, il ne faut pas le faire ! Par les temps qui courent, on se tromperait de combat. Le problème est peut-être qu'il faudrait vous former une philosophie sur le sujet : que dit-on, quel statut et quelle rémunération offre-t-on aux professionnels de santé ?

À quoi va servir cet argent ? J'estime pour ma part qu'il devrait servir à dégager du temps médical, c'est-à-dire à payer du temps administratif, à permettre de mettre en oeuvre des coordinations médico-sociales, à engager un certain nombre de professionnels de santé, par exemple des infirmières qui auraient reçu des délégations de tâches et de compétences, sous la responsabilité des médecins. Il s'agit donc d'augmenter l'offre de santé, et absolument pas d'augmenter la rémunération des professionnels !

Vous employez des concepts très sympathiques, mais vous refusez de dire de quoi il s'agit pour ne pas heurter certaines idées, qui sont les idées traditionnelles de la médecine libérale auxquelles la majorité a promis de ne pas toucher. Oui, il faudra payer ces professionnels autrement qu'à l'acte ! Oui, il faudra qu'ils travaillent en équipe, avec des assistantes chargées de gérer les questions administratives, légitimes, posées par la sécurité sociale, et avec des assistantes chargées de gérer la coordination des soins au plan médico-social ! Oui, l'évolution vers un nombre croissant de maladies chroniques obligera à rémunérer des préventistes qui feront de l'éducation thérapeutique et des interventions de prévention dans les territoires.

Voilà ce à quoi renvoie le fameux FIQCS. Il ne s'agit pas, mais alors pas du tout, de payer des locaux ou des compléments de revenus à des médecins ! Ou alors, on se trompe lourdement et ce fonds est parfaitement inutile.

Enfin, l'usage du FIQCS est commode, mais ce fonds n'est en réalité pas adapté. Le problème, c'est de trouver pour ces structures des financements pérennes. Comment voulez-vous rendre crédibles de telles structures si elles sont lancées pour un an et qu'il faut chaque année présenter un nouveau dossier ? Ce n'est pas comme cela que l'on luttera contre la désertification médicale !

Un peu de volontarisme, de planification et de clarification sont nécessaires, mais visiblement, la majorité n'a pas encore pensé à ce qu'il était possible de faire !

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