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Intervention de Jean-Louis Bianco

Réunion du 17 mars 2009 à 15h00
Débat et vote sur la déclaration du gouvernement relative à la politique étrangère — Explications de vote

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Louis Bianco :

Monsieur le Premier ministre, vous annoncez, avec le Président de la République, le retour de la France dans le commandement intégré de l'OTAN. Au terme de ce débat, je ne vois pas clairement ce que nous allons gagner ; je vois en revanche ce que nous allons perdre.

Contrairement à ce que vous affirmez, la France n'y gagnera pas de codiriger l'Alliance ou, selon l'étonnante formule du ministre de la défense, d'en être à la fois la tête et les jambes. Cette intégration se fera en effet sans préalable et sans négociation ni sur les objectifs, ni sur les méthodes de l'Alliance, ni sur la place de la France. Cela a été dit : c'est le contraire de la démarche suivie par le général de Gaulle.

Il est vrai qu'à cette époque, cette position n'avait pas fait l'unanimité ; mais regardez la réalité : aujourd'hui – cela a été dit et répété, y compris par vos propres amis – c'est un élément du consensus sur notre politique étrangère et de sécurité. On nous dit ici ou là – vous ne l'avez pas déclaré aussi nettement, monsieur le Premier Ministre – que François Mitterrand voulait rentrer dans l'OTAN. La vérité est qu'il n'acceptait pas les extensions permanentes de sujets, de zones et d'interventions de l'OTAN, et qu'il a fait le contraire de ce que vous faites : il a voulu négocier pour changer l'OTAN ; mais comme l'OTAN n'a pas changé, la France n'est pas rentrée dans l'Alliance ! (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

Vous nous expliquez que nous pèserons plus lourd dans les décisions de l'OTAN. Or, en 1999, au Kosovo, nous n'étions pas membres du commandement intégré de l'OTAN ; pourtant la France, grâce à sa volonté politique, a pu peser pour accepter ou refuser les missions proposées à nos forces aériennes : nous avons notamment pu refuser un certain nombre de frappes qui auraient pu être dangereuses pour les populations civiles. Pour cela, nous n'avons pas eu besoin d'appartenir au commandement intégré de l'OTAN.

Vous nous dites, ainsi que les orateurs qui vous soutiennent, que cette décision va renforcer la défense européenne. Où avez-vous vu une chose pareille ? Je ne trouve aucune trace d'aucune déclaration de personne en Europe nous disant que le retour de la France permettra que, dès demain, nous nous mettions au travail sur la défense européenne ! Certains, c'est vrai, ont salué cette décision, mais la vérité, c'est que l'Europe de la défense est en panne, je crois que nous sommes tous d'accord sur ce point. Et la France n'en porte pas la seule, ni même la principale responsabilité.

Enfin, pendant la présidence française de l'Union européenne, quelles avancées significatives avons-nous faites sur l'Europe de la défense ? Où en sommes-nous sur l'Agence européenne, sur la création d'une force d'intervention rapide de 50 000 hommes, sur la constitution d'un état-major européen ? (Exclamations sur les bancs des groupes UMP et NC.)

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