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Intervention de Yves Fromion

Réunion du 17 mars 2009 à 15h00
Débat et vote sur la déclaration du gouvernement relative à la politique étrangère

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaYves Fromion :

Monsieur le président, monsieur le Premier ministre, messieurs les ministres, mes chers collègues, arrivé à ce point du débat et ayant apprécié l'intervention remarquable du Premier ministre, qui a rappelé les fondements de la politique extérieure de la France et la foi que nous avons dans l'avenir et dans le rôle de l'Europe, je souhaite centrer mon propos sur les critiques exprimées par quelques-uns des orateurs qui m'ont précédé.

Certains ont tenté de nous expliquer que la normalisation de la position française à l'égard du commandement militaire intégré de l'OTAN allait faire obstacle à la construction si attendue de l'Europe de la défense. Comment professer une telle contrevérité, alors même que notre pays a ratifié le traité de Lisbonne dont on sait – à condition de l'avoir lu – qu'il contient des dispositions affirmant que la politique de sécurité et de défense commune de l'Union est compatible avec la politique de sécurité et de défense arrêtée dans le cadre de l'OTAN ?

Si, comme beaucoup le souhaitent ici, le traité de Lisbonne vient à être adopté, l'Union européenne se trouvera immédiatement confrontée à la mise en oeuvre de la coopération structurée permanente prévue à l'article 27. Il s'agit d'une opportunité historique pour faire sortir la défense européenne de ses limbes. La France, et l'Europe avec la France, ont un rendez-vous qu'elles ne peuvent pas rater.

Toutefois comment contester qu'il faudra alors être capable de susciter l'élan de tous les Européens, élan qui ne peut être fondé que sur la confiance ? Or qui ignore que, depuis des années, notre pays est soupçonné, du fait de sa position originale par rapport à l'OTAN, d'inciter les Européens à distendre leurs alliances traditionnelles ? On connaît la controverse sur l'agenda caché, eh bien, il est indispensable d'en sortir ! Il faut que la France puisse montrer à ses partenaires européens que l'énergie, les convictions, qu'elle s'efforce de leur faire partager sur la nécessité de créer une défense européenne pour peser sur les affaires du monde n'a d'autre finalité que de donner à l'Europe la place qui doit être la sienne.

On nous dit aussi que le choix qui nous est proposé est un pari hasardeux. Dois-je rappeler que l'action politique n'est pas exempte de paris ? N'était-ce pas en effet un pari que de vouloir convaincre nos partenaires européens que, nonobstant notre positionnement par rapport à l'OTAN, ils devaient nous faire confiance et construire avec nous une défense européenne ? Ce pari, l'avons-nous gagné ? Ce n'est pas vraiment le cas. Alors pourquoi refuser de nous remettre en question ?

Enfin, avant de conclure, il me paraît nécessaire de répondre à M. Fabius, qui exhortait la France à la volonté pour tenir son rang. Il a raison, et le général de Gaulle n'a pas manqué de volonté lorsqu'il a pris la décision que l'on sait, car il a porté le budget de la défense à plus de 5 % du PIB de notre pays. Ce n'est pas lui qui a cherché à toucher les dividendes de la paix, au point de mettre en péril nos forces armées, comme ce fut le cas entre 1997 et 2002. (Murmures sur les bancs du groupe SRC.)

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