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Intervention de Gérard Charasse

Réunion du 17 mars 2009 à 15h00
Débat et vote sur la déclaration du gouvernement relative à la politique étrangère

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGérard Charasse :

Monsieur le président, monsieur le Premier ministre, messieurs les ministres, mes chers collègues, j'ai peu de temps pour dire beaucoup. Je vais donc exprimer trois choses simples, évoquer les trois dangers qui nous guettent si la France devait se fondre, demain, dans l'OTAN.

Le premier danger, c'est de briser le consensus.

Depuis Suez et les gerboises, la France a choisi une stratégie, celle du général de Gaulle, entérinée par les Assemblées, les Gouvernements et les Présidents de la République qui ont suivi. Cette stratégie du faible au fort, cette stratégie d'union nationale autour du concept de défense a été la bonne. Son résultat en atteste : nous avons, depuis, vécu dans la paix. Faites le compte : combien de pays dans le monde l'auront connue aussi longtemps ? Quel pays a été à ce point hermétique aux tentatives de déstabilisation ?

Si nous entérinons ce choix, vous n'aurez plus de consensus et comment pourriez-vous en trouver un s'il s'agit, à l'avenir, non pas de forger une analyse, une action de la France devant un obstacle, mais de savoir si l'on suit, un peu ou beaucoup, les Américains. (Approbations sur les bancs du groupe SRC.) Projetons-nous cinq ans en arrière : intégration voulait dire, alors, aller en Irak !

Deuxième danger, l'OTAN est un outil diplomatique, militaire et politique qui a toujours été l'outil de la dispersion des Européens.

Chacun a en tête la façon dont il a servi, systématiquement, à briser le moindre rapprochement, le moindre nouveau pas vers une défense européenne. Chacun a en tête des séquences illustrant ce que je dis. J'ai gardé en mémoire, pour ma part, Saint-Malo, les rencontres Sharping-Richard, les échanges entre notre commission et nos collègues allemands et britanniques, bref l'élaboration d'un processus nouveau, vite entravé par la demande d'assistance et de survol américaine pour aller bombarder les Balkans, demande qui créait, en Europe, entre nous, de nouveau, une divergence.

Sauf à ignorer cette histoire sans cesse répétée, personne ne peut valablement soutenir que notre arrivée dans le commandement intégré va aider la construction d'une défense européenne.

Troisième danger : nous allons perdre la maîtrise de l'emploi de nos forces.

La France s'est forgée, je l'ai déjà souligné, une position diplomatique et militaire originale qui nous a permis de jouer notre partition dans le concert des nations – nous l'avons vu avec l'Irak – et de conserver une sphère d'influence, une capacité de relation avec les autres pays du monde. Au moment où l'économie se fragilise au point de nous faire entrer dans une période d'instabilité politique, voilà que nous allons choisir l'alignement, l'alignement sans contrepartie si ce n'est un strapontin à l'ACT à Norfolk aux États-Unis, lorsque les choix se font à Mons ou à Naples, en Europe.

Voilà, monsieur le Premier ministre, messieurs les ministres, les trois dangers que je souhaitais évoquer : perte du consensus, perte de la défense européenne, perte de notre liberté.

Vous avez pris le parti de ne pas affronter le défi que la France relève depuis cinquante ans, et de nous proposer une voie moyenne qui demeure, pour les Radicaux et pour la plupart de mes collègues, infréquentable. Vous avez pris le parti de ne rien faire, de laisser faire, alors qu'au moindre chien écrasé on réclame des rapports, des sanctions, des lois ou des démissions. Là, c'est la démission de la France que vous nous demandez. Les Radicaux ne vous la donneront pas. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC et sur quelques bancs du groupe GDR.)

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