Sur l'objectif, enfin – et c'est de loin le plus important –, vous avez développé l'argumentation en faveur de la réintégration pleine et entière de la France dans le dispositif de l'Alliance.
Les partisans de cette décision se font l'écho d'arguments désormais bien connus : notre pays a déjà fait 90 % du chemin qui mène à la réintégration ; nous participons à la force de réaction rapide de l'Alliance ; nous siégeons à nouveau dans toutes les instances de l'OTAN, à l'exception de deux comités ; nous sommes devenus l'un des premiers contributeurs de cette même organisation ; nous avons déjà placé plusieurs dizaines d'officiers dans la structure intégrée ; et nous avons participé, sous le commandement de l'OTAN, à plusieurs opérations sur le terrain.
On nous dit aussi, à juste titre, que l'unanimité de la décision est le meilleur garant des intérêts particuliers, que nous pourrons toujours dire non, et que cela ne changera donc pas grand-chose, si ce n'est que nous pourrons modifier de l'intérieur le fonctionnement de l'organisation.
Cette démonstration n'est pas dépourvue de force ; c'est incontestable. Mais elle peut aussi se retourner facilement. Puisque nous sommes déjà si forts, si actifs, si présents, puisque nous disposons d'un tel pouvoir de décision, quel avantage tirerons-nous de cette perte d'originalité et de singularité ? (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR et sur plusieurs bancs du groupe SRC.) Puisque nous pesons déjà si lourd et que toutes les décisions se prennent à l'unanimité, de quelle influence supplémentaire allons-nous disposer ?